6 Novembre 2018
Dans un village, les gens se disent bonjour.
Lorsqu'ils se croisent dans la rue, lorsqu'ils se rangent dans la file à la poste, lorsqu'ils pénètrent dans un magasin... et je ne parle pas des guichetiers ou des vendeurs, non, non, des gens, comme vous et moi, qui n'ont d'autre fonction que de passer par là. Ces gens-là se disent bonjour.
Cette habitude surprend souvent les citadins. Au début de notre nouvelle vie ici, il n'était pas rare que Thaïs ou l'Homme me demandent, après que j'aie salué quelqu'un, "Tu le connais?" Non. Cette personne et moi partageons le même trottoir, nous nous croisons, nous nous disons bonjour.
Il arrive que le bonjour soit suivi d'un échange plus ou moins long.
On peut se retrouver à discourir sur le remplacement des pavés de la Grand-Place par des dalles de pierre plates certes pratiques, mais dépourvues de charme avec un pépé qui promène Pépère, son chien.
On peut tailler une bavette sur le seuil d'une porte avec une mamy qui regarde défiler les voitures en compagnie de son chat roux et se voir offrir un biscuit ou un plat en pyrex "parce qu'au home, je n'en aurai plus besoin".
On peut échanger de façon surréaliste avec une passante agacée par la pluie et le vent insidieux, sans ralentir le pas. "Qué djeu, hein!" "Pfff..." "Ah!" "Ouais..."
On peut tout connaître de notre voisine d'en-face qui a perdu son mari et qui était très amie avec l'ancienne propriétaire de notre maison avant que l'âge ne lui fasse perdre la tête.
Mes nombreuses années au coeur d'une ville où chacun est plus ou moins anonyme et où la vie des uns n'intéresse pas forcément les autres avaient effacé en moi le souvenir de ces rapports humains si différents.
Je ne prétend pas que la mentalité villageoise vaut mieux que la citadine, juste que cet aspect-là me convient et me touche.
Parfois, pour illuminer une journée maussade, une caresse sur la tête de Cookie le chat ou un sourire au dentier absent suffisent. Me suffisent.
Voilà plus de 2 ans que nous avons emménagé dans cette vieille maison au coeur du village. Moi qui étais habituée aux espaces restreints de plain-pied, je suis tombée sous le charme d'une grande maison biscornue aux carreaux de ciment colorés et portes ornées de vitraux.
Il m'a fallu du temps pour apprivoiser les pièces, leurs angles jamais droits, leurs portes qui grincent... mais quel bonheur, en fin de compte, de laisser libre court à ses envies! Quelle joie de pouvoir rentrer d'une brocante les bras chargés d'articles pas vraiment nécessaires, mais dont on sait pertinemment qu'ils trouveront leur place.
Une des dernières pièces rapportées fut cette jolie patère des années 30.
Elle était en excellent état et je n'envisageais initialement que de la poncer pour ôter la couche de vernis jaunâtre qui en occultait, pensais-je, le charme de son bois naturel.
Déception... son bois, solide, n'était pas joli. Il nous restait un peu de la peinture teinte sésame ayant servi pour le meuble de cuisine - que je ne vous ai pas encore montré - et la parade fut donc vite trouvée.
En fin de compte, cette patère me semble plus gracieuse parée de ses nouveau atours. Elle a naturellement trouvé sa place dans la chambre de Thaïs où elle s'est liée d'amitié avec une robe de princesse et une guirlande de licornes... magie, magie...
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