27 Octobre 2018
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours envisagé l'allaitement comme quelque chose d'acquis, comme faisant partie, au même titre que mettre un enfant au monde, des compétences innées de la femme. Jamais, je n'ai douté du fait que, si je devenais maman, j'allaiterais mes enfants.
J'ai appris depuis et à mes dépens qu'il en va de l'allaitement comme du reste, nul n'est à l'abri d'une déconvenue et il arrive que l'on doive revoir ses certitudes, tirer un trait sur ses résolutions.
Thaïs est née avec trois semaines d'avance. Un petit bébé bien dodu qui, pourtant, ne semblait pas avoir la force nécessaire pour téter correctement. Elle avait tendance à s'endormir au sein après quelques tétées seulement et la reprise me faisait toujours mal.
Alors que j'étais toujours à l'hôpital, je souffrais déjà de crevasses. Puis, se sont enchaînées infection et mastites. Malgré les soins apportés et les massages. Contre l'avis des sages-femmes, j'ai envoyé l'homme acheter des téterelles qui ont adouci et rendue possible à nouveau la mise au sein. J'ai tiré mon lait aussi car j'en avais beaucoup et les tétées toujours interrompues par des endormissements n'en "écoulaient" pas assez.
A la maison, j'ai continué à alterner tirages et tétées avec les téterelles. Sans elles, je me retenais pour ne pas hurler de douleur lorsque bébé commençait à téter. Et les crevasses revenaient. Au point que, bientôt, même avec l'aide des téterelles, l'allaitement est devenu douloureux.
Je me suis mise à redouter ces moments que j'avais imaginés si doux, si paisibles pour bébé et moi. J'appréhendais, je stressais, je contenais mon envie de crier. La douleur était aigüe, perçante. Et cette ambiance n'était pas idéale pour Thaïs non plus. Elle devait ressentir mon appréhension à la mettre au sein, sentir mon corps tressaillir dès qu'elle commençait à téter. Evidemment, une sorte de culpabilité s'est également insidieusement insinuée dans mon esprit. Quel genre de mère étais-je, moi qui ne parvenais même pas à allaiter mon nouveau-né?
Au bout d'un mois et demi, sans crier gare, ma production de lait s'est arrêtée net. J'ai bien encore essayé de remettre bébé au sein, de tirer du lait, mais la source était bel et bien tarie.
J'ai éprouvé alors des sentiments contraires. L'effondrement, d'abord, car toute mon expérience de l'allaitement n'avait été qu'un échec retentissant. Le soulagement, ensuite, car cela signifiait aussi la fin de ces douleurs insupportables, plus de sérénité pour bébé et moi.
Et nous sommes passés au lait en poudre.
J'ai appris plus tard que certaines peaux, comme la mienne, plus sensibles, plus fines, supportent moins les tiraillement dû à la succion, réagissent mal à l'humidité constante qu'induit le fait d'allaiter. Cela m'a aidée à lâcher un peu du lest de la culpabilité qui me courbait les épaules.
Forte, malgré tout, de cette expérience, j'ai vécu ma deuxième grossesse en étant persuadée que tout se passerait bien cette fois. Je ne répéterais pas les mêmes erreurs, je ne m'aventurais plus dans l'inconnu et ne serais donc plus victime de l'angoisse qu'il génère. Je savais que faire afin d'éviter que les choses ne dégénèrent.
Concernant l'allaitement, j'avais tout prévu pour me faciliter l'expérience. J'avais juste omis d'envisager un détail: le déroulement de l'accouchement.
Tiraillée entre le besoin d'en partager un récit cathartique et une sorte de déni du pire frôlé, un étouffement des heures sombres, je n'ai pas encore pu me résoudre à raconter ce par quoi nous sommes passés.
Pourtant, je suis là, elle est là, nous allons bien.
L'allaitement n'a pas été possible.
Il y a eu presque 20 heures de travail, une péridurale qui n'a pas fonctionné, un accouchement de près d'une heure qui a mal tourné, une opération en urgence, une hémorragie, des transfusions, un corps qui ne se bat plus, un esprit au repos car ailleurs déjà, des heures en salle de réveil...
Et un nouveau-né que papa n'a d'autre option que de nourrir au biberon.
A l'arrivée en chambre, mon corps exsangue n'avait rien à offrir. Mise au sein, tentative de tirage de lait... rien n'y fait, de lait, il n'y en a point. Pour Céleste, je n'ai d'autre recours que l'usage du biberon.
Nouvelle déception, nouvel effondrement. Et je n'ai même plus la force de pleurer.
J'ai, par contre, la force de retomber dans un de mes pires travers: l'auto-culpabilisation à outrance alimentée de nombreux "et si". Toujours suivis de "je", jamais de "mon gynéco" ou "le corps médical" ou quiconque autre que moi. Comme si j'étais seule responsable du tour tragique qu'a pris la naissance de Céleste.
Aurais-je dû m'acharner? Ai-je baissé les bras trop vite? Ai-je eu peur de la douleur que le fait d'insister aurait pu causer? Plus simplement, quand il n'y a pas de lait, est-il possible à coup de tirages, massages ou que sais-je, de pousser le corps à en produire?
Au moment où j'ai pris la décision de ne pas violenter ce corps déjà malmené, aucun des membres de l'équipe qui nous entourait ne me l'a reproché. Bien au contraire, de la sage-femme qui avait assisté à l'accouchement à l'infirmière qui m'avait veillée en salle de réveil, l'avis du personnel était unanime: j'étais à bout de forces et ne possédait pas l'énergie nécessaire pour qu'un allaitement se passe dans de bonnes conditions. Il me fallait me reposer et me focaliser sur le fait que tant mon bébé que moi allions finalement bien.
Sur les conseils de notre pédiatre, nous avons opté pour le lait en poudre Nan. J'aurais aimé me tourner vers un substitut bio, mais, crainte fondée ou pas, j'ai préféré faire confiance à une marque implantée depuis longtemps sur le marché.
En fin de compte, je réalise que je suis la seule à avoir véritablement souffert de l'impossibilité d'allaiter. Céleste est un bébé en pleine forme, équilibrée, vive, souriante. Elle semble avoir une santé de fer et n'a souffert en un an que d'un début d'otite et d'un petit rhume. Elle m'accompagne pourtant, depuis qu'elle est âgée d'un mois, deux fois par jour, quel que soit le temps, à l'école de sa grande soeur.
La voir et la savoir si pleine de santé me réconforte. J'ai moins l'impression d'avoir manqué à mes devoirs de maman. Ce qui me manquera toujours reste néanmoins ce lien si particulier qui s'établit entre une mère et son enfant lors de l'allaitement. Ce geste reste, pour moi, le symbole de la maternité. Un corps capable d'engendrer et nourrir un autre être représente, à mes yeux, ce que la nature a accompli de plus beau, de plus parfait. Et, par deux fois, je suis passée à côté.
Que vous deviez, comme moi, nourrir votre nourrisson à l'aide de lait en poudre ou que ayez opéré la transition allaitement-biberon, sachez que, depuis peu, Nan existe en version bio.
Personnellement, j'ai ressenti un vrai soulagement à l'idée de pouvoir offrir à Céleste, qui est déjà nourrie de légumes et fruits bio, du lait qui corresponde à mes exigences en matière de nourriture.
Quant à bébé, elle a continué à boire goulument ses biberons sans rien noter du changement. L'essai s'est donc transformé en habitude.
Vous pouvez retrouver toutes les infos et réponses à vos questions sur le lait Nan Optipro bio sur le site.
En toute transparence... il s'agit d'un texte ébauché il y a longtemps et que je n'avais jamais trouvé le courage de finir.
Lorsqu'il m'a été proposé de tester le nouveau Nan bio, étant donné que nous utilisions la version classique depuis la naissance de Céleste, j'y ai vu une bonne occasion de terminer enfin ce récit.
N'hésitez pas à partager votre expérience, qu'elle soit semblable ou diamétralement opposée à la mienne.
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