28 Janvier 2014
On n'a jamais eu trop de soucis à faire dormir la Poule, en général. Soit elle plongeait comme une masse dans le sommeil, soit elle jouait tranquillement dans son lit jusqu'à ce qu'endormissement s'ensuive. Il y a eu des exceptions, bien entendu, comme lors de la semaine passée à la mer en compagnie de ses deux partners in crime, mais rien d'ingérable. Jusqu'au soir où... Flaminou et moi avons intégré notre lit tard, très tard, épuisés, plus qu'épuisés, sous les plaintes hystériques de la Poule qui luttait depuis 5 heures contre le sommeil. Toute excuse possible y est passée: j'ai faim, j'ai soif, je dois faire pipi, je veux encore jouer, je veux regarder la télé, je veux dormir dans ton lit... A deux heures du mat', à la perspective d'un lendemain chargé de rendez-vous et commençant très tôt, j'avoue, j'ai craqué. Et j'ai hurlé. Tellement fort que les pleurs intempestifs ont cessé net pour laisser place à un regard surpris et, surtout, apeuré. L'insomniaque s'est laissé hisser dans les bras de son père et a réintégré sans plus broncher son lit où elle s'est endormie dans la minute. Moi, j'ai cogité dans mon lit, balancée entre culpabilité et bien-fondé de ma réaction, jusqu'aux petites heures de l'aube.
Alors que je me préparais à aller la chercher après le repas de midi - l'école finit tôt, le mercredi... - un coup de fil de l'homme a fait pencher la balance définitivement du côté de la culpabilité. La Poule, sur le trajet de l'école et sous les questions répétées de son papa, a lâché le mot tant craint: les monstres. C'est parce qu'il y a des monstres dans sa chambre que Poule n'ose plus s'endormir... Mais pourquoi n'en a-t-elle rien dit les 458 fois où je lui ai demandé pourquoi elle ne voulait pas dormir, nom de &:é*$µù%??????? Sur les conseils de son institutrice chérie, Flaminou, la Poule et moi nous sommes donné rendez-vous dans une librairie située sur le chemin du retour. Après avoir déambulé dans les méandres de ce gigantesque paradis de la lecture le temps que me permettait ma nuit de 25 minutes, on a arrêté notre choix sur 3 bouquins: Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Toc Toc! Qui est là? de Sally Grindley et Anthony Browne et La peur du monstre de Mario Ramos, mon préféré.
Si les deux derniers ont servi le soir-même, j'ai préféré attendre que la Poule soit un peu familiarisée avec les histoires de monstres avant de lui offrir le premier, ses illustrations étant assez effrayantes de précision. Le deuxième, quant à lui, est immédiatement devenu son livre de chevet. L'histoire a été racontée sur tous les tons, sa version française restant plus appréciée que sa version flamande. On l'a même légèrement améliorée, mettant l'emphase sur le fait que le monstre "RESTE DEHORS!" afin que ceci soit bien assimilé par ce petit public à l'imagination fertile. Pour que la lecture s'avère efficace, il a fallu l'associer à un rituel très précis. Vider sur la terrasse la boîte à monstres, décorée par le père et sa fille, des occupants qui l'ont intégrée la nuit précédente et qui, surveillés de près par la gentille sorcière, n'ont pu s'en échapper. Lui répéter que cette dernière, avec l'aide de Monster (hé oui), son ami imaginaire de (presque) toujours, vaincra tous les grands (car grand = méchant) monstres si ceux-ci osent encore se présenter à son chevet et les forcera à s'entasser dans la boîte. Placer sous la langue 5 boules d'Arsenicum Album - effet placebo garanti. Du doigt, enduire l'arrière des oreilles d'1/4 de goutte d'huile essentielle de lavande. Placer son chat rose à roulette entre la porte et le chambranle, tel un gardien garant de la paix nocturne des lieux. Et laisser la lampe allumée dans le couloir.
Certaines nuits ont été paisibles. D'autres moins. D'autres pas du tout. Il a encore fallu souvent rassurer, parfois sévir, quelques fois déménager la gallinacée dans notre lit pour qu'elle daigne s'endormir, voire l'accueillir au beau milieu de la nuit pour que les cris cessent. Petit à petit, les choses se sont tassées. Récemment, elle a perdu mon livre préféré et la réserve de bouboules anti-monstres s'est tarie. Cela n'a pas paru la perturber outre mesure. Quand je lui demande si elle veut procéder à la vidange de la boîte à monstres, elle me répond que celle-ci est vide parce que "les monstres, maman, c'est dans les livres et dans la tête!" Et alors qu'elle exigeait, il y a peu, une clarté assez importante pour rester seule dans son lit, elle réclame aujourd'hui qu'on lui confectionne une tente avec ses couvertures tous les soirs. Hier, c'était une vraie grotte hermétique. Pas un rai de lumière n'y pénétrait. Je ne vais pas m'en plaindre. Il y aura, sûrement trop tôt, d'autres nuits perturbées, pour d'autres raisons. Pour le moment, on profite de cette courte trève bien méritée.
PS: mes plus plates excuses pour la qualité médiocre des photos. L'hébergeur semble compresser les photos au maximum et ça les rend floues. Et ça me rend dingue de constater que quand je les visionne sur mon PC, elles sont nettes. Je pense à migrer, oui, j'y pense, reste à le faire...
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