Regarder valser les flocons sur fond de ciel pâle, envier leur grâce, leur légèreté pareille à celle d'une plume lorsqu'ils se posent en silence. Respirer à pleins poumons la pureté de l'air dans lequel ils évoluent. Profiter de la sérénité de l'atmosphère poudreuse, des sons étouffés qui ne sont que mélodies à l'oreille. Et quand la chair frémit, s'ébrouer, battre en retraite sous couvert et ôter les couches imprégnées de froid humide. Se couvrir, s'entourer de douceur: vêtements chauds, plaid cocon, breuvage brûlant, feu de cheminée crépitant, chat touffu contre les pieds, chien bouillotte au creux du ventre... Et jouir encore de la danse des flocons abritée derrière une vitre...

Cette vision voltige à des lieues de la froide réalité des routes boueuses et des trottoirs visqueux des grandes villes. Là où la pollution a teinté la neige de sombres traînées jusqu'à parfois n'en laisser de blanc qu'un vague souvenir. Là où neige rime avec courants d'air glacé et moite s'immisçant entre les habits jusqu'à la peau fragile. 

Elle plane à des kilomètres des remontes pentes en métal huileux et grinçant dont la morsure vous gèle les phalanges. Elle est étrangère aux combinaisons épaisses saturées de transpiration qui, l'activité passée, refroidissent, mais ne sèchent pas et restent agglutinées au derme, glaciales et suintantes. 

Oh bien sûr que j'aime la neige! J'en aime la représentation poétique des illustrations vieillottes des albums de Martine. J'en aime la texture poussiéreuse sous les pas des enfants Pevensie, au-delà du fond de la grande garde-robe... 

En fait, j'en aime sa représentation et toute la poésie qu'elle évoque, le merveilleux qu'elle promet. Je n'en aime pas la réalité. Neige a toujours rimé avec froid, humidité et inconfort. Ni bonshommes ni batailles mémorables pour moi. Et faire l'ange est un amusement dont la finalité m'a toujours échappé puisqu'il paraît qu'elle n'est pas de tomber malade.

Sur ce point, Thaïs ne me ressemble pas. Au premier flocon, elle file dehors la truffe et le cou au vent.

Mais peut-être n'est-ce après tout qu'une question de localisation? Peut-être devrais-je tester ces jours de neige si chers à Elsa dans une autre partie du globe, là où les forêts de sapins succèdent aux lacs gelés, où les loups blancs côtoient les rennes, où la voiture fait place aux traineaux et à leurs chiens... où, dit-on, la neige et le froid sont plus supportables?

Ou bien me perds-je à nouveau en pleine fiction?

Soit...

Thaïs porte une veste en jeans, une jupe et un sweat (déniché au rayon Garçons) de la nouvelle collection Tape à l'Oeil, offerts par la marque.

Collants et cache-oreilles d'une ancienne collection TAO.

Bottes et chienchien persos!