18 Février 2020
"Tu es en quatrième et tu ne connais même pas ta table de sept par coeur!"
Remarque perfide émanant d'un être qui doit l'être autant, assénée devant tiers pour ajouter à l'humiliation car où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir, c'est bien connu.
La petite bouche se tord, les larmes perlent aux coins des yeux, le menton habituellement si fier pique vers le bas. Le perfide n'en reste pas là. Non, car, lui, en troisième connaissait TOUTES ses tables par coeur!
Alors qu'elle avait commencé à calculer, il ne lui a pas laissé le temps de s'exprimer. C'est tactique: empêcher l'autre de parler, de se défendre, de tenter de se dépêtrer et couvrir ses pâles protestations d'une voix forte. S'être assuré auparavant d'avoir répété de la même voix à l'enfant qu'elle n'a pas le droit de répondre. Victoire assurée. Elle quitte la pièce, en pleurs.
Qui donc est si faible pour pécher sa force dans la crainte qu'il ou elle exerce sur les enfants?
Un adulte manqué qui omet de souligner que cette enfant, déjà élevée en deux langues, suit ses cours de mathématiques dans une troisième et qu'il est donc possible que son raisonnement en soit un peu ralenti. Un être frustré, étranger à toute empathie, qui occulte les bulletins brillants de l'enfant présentant des points que lui-même n'a jamais pu atteindre pour se concentrer sur l'essentiel: les faiblesses. Et les exploiter afin de mieux nuire.
Faire la part des choses? Se dire que dans le fond si elle éprouve un peu de mal avec les tables, elle excelle dans d'autres domaines? Non, l'important c'est de crier. Crier pour écraser. Crier pour exister.
Et peu importe si la victime choisie est, par nature, plus faible. A vrai dire, tant mieux. Si l'entreprise s'était révélée plus difficile, l'adulte manqué aurait sans doute échoué.
Heureusement, je connais sa force.
Les larmes ravalées, le petit menton se relève, les yeux se plantent dans ceux du perfide et expriment toute leur pitié. Elle comprend. Elle comprend sa frustration, ses manques et tout ce qui pousse cet être à attaquer au lieu d'embrasser, à gueuler plutôt que de contempler et aimer en silence, à anéantir au lieu de chérir. Elle comprend et elle sourit car ces camouflets lancés à l'assaut de sa petit personne lui permettront, au final, de prendre le contrepied. De ne pas devenir un adulte manqué.
Et elle le plaint, ce pauvre qui ne changera sans doute jamais.
Oh oui, elle le plaint!
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