10 Novembre 2018
Qui n'a pas, enfant, joué à la marchande?
Moi, j'adorais... choisir mes articles, les mettre en valeur, établir une liste de prix, annoncer le total à la cliente, lui faire un brin de causette tout en lui rendant la monnaie...
Ado, l'envie était toujours là. Je mettais de côté les vêtements et accessoires que je ne portais pas ou plus. Je récupérais ceux de quelques femmes de ma famille, y apposais une étiquette et rêvais qu'un jour ils se retrouveraient dans mon magasin de seconde-main.
Il faut croire que l'envie était tenace car dès que cela fut possible, j'ouvris un compte e-bay et commençai ma carrière parallèle de "marchande".
Aux vêtements et accessoires pour femme, s'ajoutèrent dès 2011 ceux de Thaïs, au fur et à mesure que ma petite poulette grandissait.
Je vendais et l'argent récupéré servait à lui acheter des affaires à sa taille... ou à la mienne, mes goûts et surtout mon corps ayant également subi quelques fluctuations...
N'allez pas croire que a démarche consiste à "vendre du vieux pour acheter du neuf". Je traîne régulièrement dans les magasins de seconde-main et les entrepôts de la croix-Rouge.
Dernièrement, d'ailleurs, lorsque Céleste est née, mon amie Alidz m'a remis deux boîtes remplies de vêtements de ses filles. J'ai fait mon choix parmi tous ses petits trésors, lui ai fait un virement et lui ai rendu le reste. Facile, pratique et pas cher.
Il y eut aussi les jolies bottines Beberlis à peine touchées rachetées à Belle Ginette et des caisses à n'en plus savoir que faire venant d'amis et de la famille... sans compter tout ce que j'avais gardé de Thaïs.
Plus récemment, je suis allée rendre visite à Val qui avait vidé la garde-robe de sa - grande - choupette. Elle est plus âgée et a deux tailles de plus que Thaïs. On a procédé aux choix et essayages et ma zézette a vu le maigre contenu de sa garde-robe s'étoffer de quelques pièces bien utiles!
La seconde-main est donc chez nous quelque chose de naturel. Mes filles et moi portons presque chaque jour une combinaison d'articles neufs et d'occasion.
E-bay pratiquant à ses débuts des pourcentages plus élevés que ceux qu'on lui connaît aujourd'hui et Facebook ayant réussi à devenir un outil quasi indispensable de nos vies, j'eus un jour l'idée d'ouvrir mon petit magasin, une page intitulée le Shop du Mama's blog. Original, hein? Oui, j'avoue...
Les ventes s'y déroulaient plutôt bien. Encore aujourd'hui malgré tous les bâtons, pour ne pas dire les troncs, que les algorithmes et autres joyeusetés que FB nous place dans les roues, les articles femme et enfant finissent toujours par s'écouler.
Quand, Céleste prenant des centimètres, j'ai commencé à y publier des articles bébé, j'ai naïvement cru que tout se passerait de la même façon. Hé oui, mais non...
J'ai diversifié les supports de vente: ebay, 2ème main, divers groupe FB... cependant j'ai dû vendre à tout fracasser un dixième de ce que j'avais exposé.
Et là, un engrenage s'est mis en branle. Un questionnement sans fin ponctué de pourquoi, de comment, de et si...
Je suis très fan des marques hollandaises comme Fred+Ginger, KidsCase, Imps&Elfs qui, il est vrai, proposent des pièces très colorées, pas forcément dans la tendance lange délavé de coloris incertain qui fait fureur en ce moment. J'ai pensé que ça pouvait expliquer un certain manque d'engouement... mais quand je me suis mise à vendre du Bobo Choses, du Bonpoint ou du Petit Bateau parfois neuf et que la majorité m'est restée sur les bras, je me suis demandée si au lieu de jeter la carte de visite du marabout Mamadou, je n'aurais pas mieux fait de l'appeler en urgence car, de toute évidence, quelqu'un m'avait jeté un sort!
Vous commencez à me connaître, s'en est suivie une remise en question dont ni moi ni mes proches ne sommes sortis intacts. J'en ai honte, oui, mais j'ai commencé à voir les choses en noir... j'ai des goûts de crotte - en vrai, j'ai dis m***e, mais je tente de rester polie - et tout le monde a pitié de mes filles au vu de la façon dont je les habille; si quelqu'un d'autre vend sans peine les mêmes produits que les miens au même prix c'est parce que cette personne est aimable, agréable, aimée tandis que mes problèmes et moi faisons fuir les gens au mieux, leur inspirons peur ou dégoût au pire...
Bref, j'ai chouiné auprès de mes amis blogueuses qui, ayant de leur côté accompli de jolies ventes, m'ont donné de bons conseils. Je me suis empressée de les appliquer et... rien. Niks. Niente. Nada. Que dalle. Ah si! Un pyjama!
Alidz, une sorte d'ange bienveillant, m'avait glissé dans la conversation qu'elle connaissait une fille qui lançait son magasin de seconde main pour enfants de 0 à 6 ans en ligne et qui cherchait encore à racheter des articles.
L'info avait bien atteint la tour centrale, mais, non pas têtue, opiniâtre et mettant un point d'honneur à réussir seule - jusqu'à l'aberration, parfois - je me suis dit que j'allais d'abord encore une fois tenter le tout pour le tout.
C'est à point précis qu'entre en scène Christelle, une lectrice que je salue, qui demande à rejoindre mon Shop. J'approuve son adhésion et s'ensuit un échange surréaliste. En résumé, elle me dit que dans l'onglet Discussion de la page, elle ne voit qu'une publication, tandis que dans l'onglet A vendre... elle ne voit strictement rien. Stu-pé-fac-tion. Où sont donc passées toutes les choses que j'ai passé des heures à mettre en ligne???
Je contacte deux ou trois autres personnes qui me disent tout voir. Cela dit, je remarque quand-même une chute vertigineuse au niveau du nombre de vues par publication. On passe d'une moyenne située entre 50 et 90 à un chiffre ridicule tournant autour des 10. Mon moral subit également une chute vertigineuse.
Pour couronner le tout, je réalise, par hasard, que lorsque je suis connectée avec mon profil perso, la même mésaventure m'arrive. Aucun article dans A vendre, deux publications dans Discussion alors que je suis administratrice de la page!
Cette chouette découverte a coïncidé avec l'annonce de l'hospitalisation d'urgence de mon papa. Pour être honnête, j'ai eu le choix: laisser libre cours à la crise de nerf dévastatrice qui s'annonçait ou opter pour la survie.
Des heures passées à repasser, photographier, publier, légender des dizaines de pièces pour pas grand-chose ce sont des heures passées à ne pas m'occuper de moi, m'occuper des miens, coudre, câliner les bestioles, arranger la déco de la maison, écrire, me promener, me reposer aussi...
L'homme a dit "ça suffit!"
Je me suis dit la même chose et j'ai ressenti une douleur terrible, de la honte, à m'être laissé mettre à terre par ce manque de "succès". Il est dur de simplement accepter que ça fonctionne pour les autres et pas pour soi sans raison logique. Il est dur de simplement se dire "tant pis pour moi", se retourner et continuer vers autre chose. Quand on a la mauvaise habitude de foncer encore et encore droit dans le mur, il est terriblement compliquer de modifier son comportement, même si cela est annonciateur d'un mieux.
Tout ceci résume, une fois encore, la terrible influence, l'impact néfaste que peut avoir la présence sur les réseaux sociaux. Surtout pour les (trop) sensibles, les (trop) fragiles, les (trop) pensants/réfléchissants/ruminants. Je sais pourtant que ce que je suis ne dépend en rien du nombre de J'aime que récoltent mes publications. Est-ce parce que cela concernait mon bébé? Je n'en sais rien, je m'en éloigne.
Aujourd'hui, je passe déposer chez Aurélie deux gros sacs de jolis vêtements de marque. Elle opèrera un tri et mettra ce qu'elle garde en vente sur son site Marcel & Fifi. Je toucherai 40% du prix auquel elle proposera les articles. C'est moins que ce que j'aurais gagné en les vendant moi-même, mais du point de vue gain de temps et tranquillité d'esprit, ça vaut tous les lingots d'or de la banque nationale! Car, pendant qu'aurélie triera, moi, je ferai la fête avec copine Alidz pour son anniversaire...
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