19 Novembre 2018
Une certaine forme d'injustice. Et une grande douleur mentale et physique.
Voilà ce que j'ai ressenti lorsque j'ai dû me séparer de mon premier bébé. Thaïs avait tout juste 6 mois et elle entrait en crèche. Moi, je reprenais le chemin de la grosse boîte qui m'employait.
Revoir les collègues me faisait plaisir, bien entendu, mais j'avais l'impression que l'on m'arrachait à ma fonction première: être auprès de mon bébé.
Il est vrai que je l'avais attendue longtemps cette petite fille. J'ai toujours su d'ailleurs que ce serait une fille. La question ne s'est jamais posée et, pour tout vous dire, je n'ai même jamais réfléchi à un prénom masculin.
Six mois d'elle et moi, presque exclusivement, puisque nous habitions Bruxelles et nos familles respectives demeuraient vers Mons et Alost. Six mois d'un univers feutré où elle n'avait quasiment jamais quitté la chaleur de mes bras. Il n'y avait que contre moi qu'elle parvenait à calmer ses coliques et ses pleurs. J'ai passé des heures à me promener dans l'appartement et à l'extérieur avec mon joli bébé en écharpe. Ma bouche contre le haut de son crâne lui distribuant des bisous en série.
Quand nous sortions, je l'emmitouflais dans mon manteau que j'avais acheté trop grand expressément. Dans le métro, je protégeais de mes mains ses oreilles sensibles des sifflements signalant la fermeture des portes. Dans la rue, les couches étouffaient les bruits de klaxon, les cris, les crissements des freins et des pneus.
Six mois d'elle et moi. Maman et son bébé joufflu et souriant, comique à souhait, éveillé et curieux de tout, cherchant toujours mon approbation, un signe de la main, un regard encourageant, un sourire... Six mois que j'aurais prolongés si j'avais pu.
Nous lui avions pourtant trouvé une chouette crèche où travaillaient des nounous expérimentées. L'une d'elles, Reinilde, avait tout de suite adopté Thaïs. Elle l'appelait "mijn popje" - ma petite poupée - et ne manquait jamais de la prendre dans ses bras dès notre arrivée. Et de me rassurer aussi.
Cela m'apaisait le temps d'effectuer mon boulot, comme un robot parfois, ne pensant qu'à une chose: le moment où j'enfilerais mon manteau pour courir retrouver mon bébé. Et c'est ce que je faisais, littéralement. Je courais jusqu'à la voiture. Le trajet qui n'était que d'une petite dizaine de minutes me semblait terriblement long.
Lorsque Thaïs m'apercevait, elle s'agitait. Les bras, les jambes, les cris... et plus tard, elle lâchait ses jouets et courait à ma rencontre, quitte à perdre l'équilibre et s'étaler. Nous vivions de véritables retrouvailles. Une fête. Un bonheur quotidiennement renouvelé.
Céleste est née alors que ma vie professionnelle était entre parenthèses. Autant l'avouer, je n'ai eu aucune envie de changer les choses quand j'ai appris qu'un nouveau bébé avait élu domicile au creux de mon ventre.
J'ai décidé de rester à la maison, élever notre enfant et vaquer à des occupations de mère au foyer. Coudre et bloguer aussi, quand cela m'était permis.
Comme sa grande soeur, Céleste est un bébé d'automne. Elle a passé les premiers mois de sa vie au chaud, presque en hibernation. A la différence de Thaïs, avec qui nous cocoonions parfois toute une journée en pyjama, petite soeur a mis le bout de son joli nez dehors très vite et presque quotidiennement.
Papa se trouvant entre deux missions, il est resté un mois à nos côtés et son besoin de bouger se traduisait par de longues promenades avec bébé. Puis, il a fallu m'accompagner tous les jours matin et après-midi jusqu'à l'école de Thaïs.
La vie étant bien différente "en province", l'expérience fut moins stressante que si nous avions encore vécu en ville. On prenait la voiture et on roulait à travers champs, dans le bois, croisant ânes, vaches, poules et... sangliers sur le chemin.
Ensuite, retour à la maison où les premiers mois furent difficiles. Les problèmes de reflux, conséquences des soucis rencontrés à la naissance, empêchaient bébé de trouver le sommeil. Elle aimait les bras, mais pas l'écharpe de portage. Parfois même les bras ne suffisaient pas à l'apaiser.
Les choses se sont calmées lorsqu'elle a passé le cap des trois mois. Le nouveau-né hurlant a fait place à un bébé souriant, curieux et attentif comme sa grande soeur, mais beaucoup plus posé.
Je pouvais l'installer confortablement, entourée de jouets et peluches, et m'occuper dans la pièce. Elle chipotait, m'observait, réclamant un bisou ou un câlin de temps en temps. Elle affirmait son caractère de bébé plus indépendant. Toujours très attachée à son cocon familial et aux personnes et animaux qui le peuplent, mais plutôt courageuse et téméraire lorsqu'elle était en confiance.
A mesure qu'elle grandit, les siestes se sont raccourcies et le temps qui m'était imparti a fortement diminué. Pour la première fois, peu après son premier anniversaire, j'ai ressenti une sorte de sensation d'étouffement. Je me suis sentie "empêchée", privée de laisser s'exprimer pleinement un autre aspect de ma personnalité. Un besoin d'explorer d'autres rôles que celui de maman qui jusqu'alors m'emplissait pleinement est né.
Quand je me regarde aujourd'hui dans le miroir, je vois une mère. Comblée, certes, mais aussi frustrée. Etre à 100% avec bébé ne me permet plus de m'accomplir totalement. J'éprouve une pulsion pressante de laisser se manifester à nouveau la femme. Prendre soin de moi, créer et même pouvoir m'occuper dans la maison sans tenir compte du fait qu'un bébé va se réveiller et avoir faim ou que ce bébé est accroché à mes jambes. Je ressens cette nécessité de ne penser qu'à ce qui m'occupe, sans idée parasite, sans garder autre chose en tête. Pouvoir réfléchir sans être interrompue.
Alors, Céleste va faire son entrée chez une gardienne. Pour deux jours par semaine pour commencer. Nous avons trouvé une dame dont la personnalité et les valeurs nous conviennent et dont la maison est étrangement semblable à la nôtre, ce qui devrait limiter le dépaysement pour bébé.
Bien sûr, elle va pleurer, elle qui est tellement habituée à nos bras et à l'exclusivité de notre attention. Cependant, elle va aussi apprendre à partager, découvrir un autre univers, de nouvelles odeurs, de nouveaux sons, de nouvelles habitudes... et se faire de nouveaux copains.
J'ai hâte que les choses se mettent en place et qu'elle se soit adaptée. J'aurai alors le coeur plus léger pour vivre ces quelques heures comme j'en aurai envie.
En fin de journée, accompagnée de sa grande soeur, j'irai la chercher. Rentrées à la maison, nous enfilerons nos pyjamas tout doux, grignoterons, nous raconterons nos journées respectives et Thaïs lira à sa petite soeur l'histoire du soir avant qu'elles ne sombrent toutes deux dans un long sommeil réparateur.
Thaïs porte un pyjama et des chaussons Renard.
Céleste porte un pyjama col Claudine. Son doudou est issu d'une ancienne collection. D'ailleurs si vous en possédez un identique que votre bébé n'utilise pas, n'hésitez pas à me contacter car le moindre passage à la machine à laver se transforme en mini-drame...
Quant aux poupées, il s'agit de la Poupée Merveille et de la Poupée Peluche.
Les articles, excepté le doudou, nous ont été offerts par la marque Tape à l'Oeil.
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