29 Septembre 2017
Dans mon précédent article sur le sujet, je vous avais laissés au stade où je réalise que l'immersion en néerlandais n'est pas possible. Je me retrouve donc devant un dilemme: renoncer à nouveau à ce type d'enseignement ou tenter l'immersion en anglais, signifiant par là baigner Thaïs dans une troisième langue et une troisième culture alors qu'elle n'a pas encore 6 ans...
CHAPITRE TROIS: le doute.
La rentrée en première primaire, c'est pic, c'est un cap, sans doute pas une péninsule, mais un sacré seuil à franchir.
La période n'est pas de tout repos, ni pour ma Poulette ni pour moi. On quitte Bruxelles et nos habitudes, vieilles de plus de 20 ans, en ce qui me concerne, on se dirige vers une nouvelle vie rien qu'à deux, loin de son papa, et on abandonne le cocon rassurant de la maternelle et des copains. Déménagement, séparation, adaptation à une nouvelle école et à un nouveau cycle. Ajouter une difficulté supplémentaire n'est-il pas un peu présomptueux?
Il est vrai que depuis un an, matin et soir, dans les embouteillages, Thaïs nous fait part de sa nouvelle obsession pour la langue de Shakespeare. Elle demande qu'on lui traduise des phrases du français ou du néerlandais vers l'anglais, s'amusant à faire le parallèle entre les trois langues. On doit aussi lui traduire les paroles des chansons qui passent à la radio... elle les répète, phonétiquement, comme devant ses sacro-saints épisodes de Dora et nous demande de la corriger jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite de sa prononciation... hem... et puis, bien sûr, elle nous fait part de son envie d'apprendre l'anglais. La motivation y est donc, mais... sera-t'elle suffisante?
La première personne vers qui je me tourne en quête de conseils est l'institutrice de Thaïs. Elle la connaît bien, elle la suit depuis la première maternelle. En fonction de son évolution, de son attitude en classe, elle pourra, au moins, m'aiguiller. De plus, Thaïs l'adore. Depuis le premier jour, c'est le coup de foudre réciproque et j'en conclus donc qu'elle a dû bien cerner la personnalité de ma Galinette.
Réaction: selon elle, Poupoule est tout à fait capable d'intégrer une école d'immersion en anglais. Elle maîtrise très bien ses deux langues "maternelles", niveau enfant de 5 ans, soyons précis, et en ajouter une troisième, à ce stade, ne devrait pas poser de problème. De plus, c'est une petite fille curieuse, impliquée qui n'hésite pas à le signaler quand elle ne comprend pas. Bon point, ma Poulette!
Armée de cet avis, je me tourne ensuite vers son papa. Il aurait aimé, en toute légitimité, que l'immersion se fasse en néerlandais... mais face à la réalité, il ne peut rien. En plus, vu l'avis de l'institutrice et sa connaissance du caractère de sa fille, il n'est pas contre l'idée de tenter l'aventure.
De mon côté, j'énumère trois conditions sine qua none:
1 - le français écrit doit être maîtrisé avant d'entamer l'apprentissage de l'écriture de l'anglais.
2 - les cours d'anglais doivent être donnés par des natifs ou niveau similaire.
3 - l'école, ses profs, son atmosphère, ses valeurs, outre l'immersion, doit nous correspondre.
Son père et moi nous accordons également sur le fait que si ça ne fonctionne pas, on retournera vers l'enseignement traditionnel. Inutile de transformer en traumatisme une envie qui pourrait déboucher sur un vrai avantage. L'anglais, elle pourra toujours s'y remettre plus tard.
J'en touche encore un mot à quelques personnes qui connaissent bien ma Poulette et tous les avis convergent: elle en est capable, essaie, en cas de problème, il sera toujours temps de changer de direction.
A ce stade, il y a 90% de chance qu'on opte alors pour l'immersion en anglais pour la première primaire!
Pourquoi 90? Pas que j'aie encore un léger doute, non, je SUIS un doute ambulant...
DERNIER CHAPITRE: ze faïneule décigeune...
Sur ma liste restent 5 écoles: 3 en immersion, 2 en français, au cas où, dont une à pédagogie active... et les visites commencent.
Exit la première école traditionnelle, malgré l'accueil et des classes plutôt sympas, Poule "n'aime pas". La deuxième, à pédagogie active, donc, nous séduit toutes les deux. Elle reste temporairement sur la liste.
Exit la grosse école bétonnée du centre-ville. Rien n'y est attirant: ni le cadre, ni l'accueil, ni la nana qui nous reçoit en coup de vent en gardant un oeil sur sa classe et qui me demande 5 fois en cours de conversation si j'ai encore une question. De plus, j'apprends que le programme d'immersion débute en septembre, à l'essai. Je biffe donc cette mention inutile de ma liste. Thaïs m'avoue que, de toute façon, elle n'aimerait pas que cette école devienne "son école". "C'est pas beau, y a pas d'arbres..." A part en peinture sur les murs du réfectoire, en effet...
La deuxième école d'immersion, sous ses airs de ne pas y toucher, nous séduit assez rapidement. Des profs qui parlent anglais sans l'écorcher, un programme inscrit dans la durée, des contacts très humains avec les gens qu'on rencontre (une préposée à l'entretien qui abandonne tout son matériel pour nous mener jusqu'au bureau de la directrice de l'autre côté de la cour, tout en papotant joyeusement)... une immense pelouse entourée d'arbres à l'arrière du bâtiment des primaires dans laquelle les élèves cultivent un potager et un verger. Histoire d'achever de la conquérir, la directrice offre une fraise à Poupoule dans la cadre de l'action Un Fruit par Semaine en cours. On finit la visite à l'heure de la récré, dans ladite pelouse, où il ne faut pas deux minutes pour qu'une petite fille vienne chercher Thaïs pour jouer... au moment de quitter les lieux, Poulette traîne des pieds "mais je veux rester ici, maman!" Je dois reconnaître que si j'avais son âge, c'est le genre d'école où j'aimerais rester aussi.
Bien que le choix de Thaïs semble arrêté, et qu'il corresponde au mien, nous visitons tout de même, par acquis de conscience, la dernière école d'immersion située dans le village où demeure son papy. Malgré un accueil des plus chaleureux et une visite assez concluante, mon oreille perfectionniste détecte un peu trop d'intonations francophones dans l'anglais des professeurs... (emmerdeuse, oui, mais en cours de l'assumer). De plus, l'immersion ne débute qu'à partir de la troisième primaire, ce qui me semble être un peu tard car à un âge où l'oreille et la prononciation de l'enfant sont déjà fortement formatés par la langue maternelle. Ce qui se traduit par plus d'appréhension, de gêne, de difficultés à saisir une autre langue.
De retour à l'appartement, l'heure est à la prise de décision. D'un côté, l'école en français à pédagogie active, de l'autre l'école en immersion. Si d'un point de vue infrastructure, bien que différentes, elles se valent, si, niveau réputation et charte scolaire, elles n'ont rien à s'envier, l'une offre le Saint-Graal que l'autre n'a pas: l'anglais.
Le lendemain, je rappelle donc la directrice de l'école d'immersion pour lui confirmer que Thaïs entrera en septembre en première primaire dans ses murs.
Mon but était de vous proposer un sujet complet en deux parties... cependant au vu de la place que prend ce qu'il me reste à vous raconter, je m'adapte.
Je clos donc ici le billet de ce jour et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la suite - et fin!! - de cette thématique sensible qu'est l'immersion linguistique à l'école. Je vous parlerai concrètement de notre expérience et de la façon dont se déroule l'immersion.
Beau week-end à toutes et tous!
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