Autant l'avouer d'entrée de jeu, la cuisine n'est pas mon domaine. Sauf quand il s'agit d'ouvrir le frigo afin d'y trouver de quoi grignoter. Non, la tambouille c'est du ressort du Pirate. Il adore ça et c'est tant mieux.

Alors, la pâtisserie, art culinaire qui demande vingt fois plus de précision et de doigté que tout autre genre, vous imaginez bien que, la plupart du temps, je m'en tiens trèèèès éloignée.

Néanmoins, il m'arrive de déroger à la règle. Je range mon aversion et mon ennui au placard, je relève mes manches et je mets ma créativité au service de la gourmandise. Généralement pour faire plaisir à la Poule.

L'animal n'est pas particulièrement porté sur le sucré, mais il est des occasions où rien, absolument rien, ne remplace un gâteau. Son anniversaire, par exemple.

Voilà deux ans qu'elle me scie les côtes pour avoir un gâteau Reine des Neiges. Oui, ok, seulement quand mes yeux se posent sur ces pâtes à - beaucoup trop de - sucre colorées, mon estomac se révulse.

Jusqu'à présent, j'ai esquivé le gâteau bleu avec succès. Cela dit, quand pour la troisième année consécutive, ma Poulette m'a fait part de son désir de gâteau Reine des Neiges, je n'ai plus eu à coeur de refuser. Quitte à lui permettre d'avaler des crasses, autant que je sache avec certitude de quelles crasses il s'agit.

Comme base, j'ai choisi le classique Red Velvet qui accomplit généralement l'exploit de réconcilier tout le monde avec le concept de gâteau. Simple pâte moelleuse et aérée au chocolat qui ne tombe pas comme une tonne de béton armé sur l'estomac. Je l'ai nappé, comme d'habitude, d'un onctueux cream cheese dans lequel j'avais incorporé quelques gouttes de colorant naturel bleu. La plupart des ingrédients utilisés étaient bio.

Ensuite, pour la déco, le choix étant plus limité, j'ai dû me rabattre sur les traditionnelles boules de sucre argentées et des smarties de tons bleu et blanc.

Enfin, pour la touche Reine des Neiges, j'ai déniché deux figurines d'Elsa et Anna. La première a orné le sommet du gâteau familial, la seconde la cime de celui destiné à l'école. Vous lisez bien. Ce n'est pas un, mais deux gâteaux qui figuraient sur ma liste de tâches.

Quand ma Poule a découvert son premier gâteau, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants, elle m'a glissé dans le creux de l'oreille: "tu sais, maman, c'est vraiment ce gâteau-là que je voulais!"

J'ai fondu.

Pas sur le gâteau, c'eût été gâcher tout mon travail.