Une assiette à trous // Belgo Mums

22 Septembre 2015

Les légumes n'ont jamais constitué un problème pour bébé Poule. A l'époque, ma fille était principalement composée d'un estomac sans fond.

C'est vers 3 ans qu'elle a commencé à développer une sorte de légumesvertsophobie. Elle engouffrait toujours avec autant d'appétit - entre autres - sushis, moules, poulpe, oeufs de lompe... et fruits verts genre kiwis et raisins, mais les légumes verts? Brrrrr!

Alors il a fallu ruser...

Quand on lui demande ce qu'elle aimerait manger le soir, Poule oscille entre "un apéro" et une "assiette pleine de trous". Pas pratique, l'assiette à trous, pensez-vous... Si si, je vous rassure. Il s'agit en fait d'assiettes à compartiments achetées lorsque Thaïs était petite. Elles permettent tout simplement de séparer les aliments. J'y voyais un moyen de lui apprendre à distinguer les saveurs. On jouait à goûter chaque aliment séparément, puis à en mélanger 2 puis 3 puis tous... L'heure de table devenait ludique et donc moins pénible.

Qu'elle opte pour l'apéro ou l'assiette, ma démarche est la même. J'inclus quelques féculents, des protéines, des légumes et parfois des fruits. Je tente au mieux de cacher les légumes verts. Champions dans la catégorie camouflage: les steaks et hamburgers végé et les boules apéritives végé. Je n'en suis pas au stade où je le prépare moi-même - je sais cuisiner, seulement j'aime pô. Cependant, j'opte pour du bio et je surveille la teneur en sel. Poule n'y voit pas que du feu, mais le goût de la totalité fait passer inaperçu celui du tant redouté légume vert. Et comme, avec Poule, on a conclu un marché qui veut qu'avant de dire qu'on n'aime pas on goûte, elle ne s'arrête pas à la barrière de l'aspect de la nourriture, ouf!

J'ai vite compris que pour la pousser à consommer un aliment, il valait mieux le manger soi-même d'un air détaché. Arrive toujours l'instant où elle vous susurre "je peux goûter?" Et là, j'exploite son esprit de contradiction - machiavélique, oui, en effet. "Ben oui, chérie, mais je ne suis pas certaine que tu vas aimer, ça a un goût assez particulier..." Il n'en faut pas plus pour qu'elle enfourne. Ensuite, elle est suffisamment franche pour me donner un avis non biaisé. Qu'elle aime ou non, mon objectif est atteint puisqu'elle a goûté et s'est donc forgée une opinion personnelle. Il lui arrive même parfois de demander à tester à nouveau un aliment qu'elle n'avait pas apprécié précédemment. et, autant l'avouer, j'adore cette démarche!

Poulette aime chipoter avec les doigts, d'où son amour pour les apéros, j'imagine. Tremper, grignoter, les "sauces", c'est chouette. Très petite, grâce à la mise en application du processus expliqué ci-dessus, elle est devenue une grande consommatrice d'houmous, nature ou aux légumes variés. De même, elle associe le guacamole maison à une sauce et non à un légume vert. Idem pour le pesto. Et je ne ressens aucune culpabilité à exploiter sa naïveté pour la bonne cause. J'ai aussi compris que les légumes hachés étaient mieux tolérés que ce soit dans les pâtes ou sous forme de purée. Alors, l'hiver, c'est stoemp à gogo.

Dernièrement, une de mes tantes a servi en apéro des bâtons de concombre accompagnés de mayo. Après avoir observé les invités s'en délecter, Poule a goûté. "Ch'est bon, cha, maman! Ch'est un fruit ou un légume?" Du tac au tac "je ne sais plus, mais si tu aimes, on en fera la maison?" Approbation enthousiaste de l'animal, donc j'ai refait avec, à la place de la mayo, une trempette maison à base de yaourt et fines herbes. Thaïs a vidé le pot...

Enfin, quand malgré tout cela, elle décide de rechigner, j'ai recours à mon slogan magique:

- rappelle-toi pourquoi les légumes sont importants?

- parce qu'ils poussent les cacas dehors!

Voilà...