C’est pas moi, c’est son vilain Flaminou de papa qui l’a mise dans son petit lit à barreaux, habituellement réservé à la sieste, pour la nuit!

A seulement 3 mois et 8 jours!

Presque un fœtus encore!!

Sauvage!

L’horreur, le choc, l’apoplexie, la crise cardiaque (en tout cas j’ai cru), l’horrible sensation de trou sans fond au creux de l’estomac, l’insoutenable sentiment d’abandonner la chair de ma chair sans défense aucune au monde hostile qu’est la nuit… Je restais figée dans mon grand lit glacé, la couette agrippée à m’en blanchir les jointures par mes deux petites mimines crispées et ramenée sous mon menton tremblotant, les yeux ronds et inexpressifs fixés sur la silhouette blanchâtre du berceau vide et immobile que je devinais dans la pénombre, mes petites grandes oreilles tendues à la recherche des habituels petits bruits de bébé dinosaure… en vain… la seule chose que mes oreilles percevaient distinctement était le ronflement de mon cher et tendre, car lui, pendant que mon petit cœur de maman poule saignait, il dormait!

Comme ces instants furent pénibles… 

Mais comme j’ai bien dormi ensuite! Comme une souche, comme un loir, comme une marmotte, peu importe, mais j’ai fait DODO!!! J’ai pris un train direct du crépuscule à l’aube, sans escale, et c’est reposée que j’ai ouvert les yeux à 9 heures du mat’ pour réaliser que ma poupoule profitait elle aussi du calme de sa chambre pour nous faire une grasse matinée… Evidemment, la pauvre, avec un papa qui ronfle...

Cela dit je dois quand-même avouer que j’ai toujours un pincement au cœur au moment de me mettre au lit… le berceau vide c’est signe que Biboune grandit… un peu trop vite, je trouve…