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Puisqu'on me dit d'oser...

En ce moment, ça pleut de partout: pourquoi tu n'écris pas, tu devrais écrire, tu n'as jamais songé à écrire...? Oui, mais encore? Ecrire et puis après? Le problème n'est pas d'écrire, je le fais quotidiennement, le défi réside plutôt dans la publication de mes écrits. Face au jugement, je me liquéfie. L'unique cellule de confiance que compte mon organisme se dégonfle tel un soufflé sorti trop tôt des entrailles couvantes d'un four. Alors, je nie, j'évite, j'occulte. Et ça, je le fais brillamment. Le souci est que l'évitement n'a jamais rendu personne heureux et qu'à l'aube d'une échéance que l'on dit cruciale, le bonheur me semble être un objectif plutôt attrayant. Même si l'inconnu effraie autant qu'il attire. Face à mon désarroi, un monsieur bien avisé, conscient que je n'accepte les consignes qu'afin de pouvoir les contourner, m'a invitée à observer mon comportement face à l'éventualité d'entamer un projet d'écriture sérieux. Tâche aisée car mon comportement est typique. Plus on m'enjoint d'écrire, moins je le fais. Inconsciemment, une levée de bouclier se dresse entre l'envie bien réelle de me mettre à l'ouvrage et la concrétisation de cette envie. Plus concrètement, les excuses, réelles ou fictives, pour ne pas démarrer affluent à la dizaine, puis, une fois l'activité entamée, les occasions de m'en détourner sont de l'ordre d'une centaine par minute. J'y succombe facilement. Difficile d'aboutir à un quelconque résultat dans ces conditions. D'autant plus que pour couronner le tout, le jugement suprême, le mien donc, omniprésent, scrute le processus dans ses moindres étapes et en remet chaque lettre en question.

 

Ce monsieur bien avisé m'a dit: si je vous demande d'écrire, vous ne le ferez pas. Et la frustration grandira. Chez vous, ce soir, n'écrivez donc pas. Et j'ai écrit. Rien qui concourra au Goncourt, non, juste une ritournelle de 16 lignes qui trottait dans mes pensées depuis 2 semaines et qui me taraudait. Sous mes doigts, ses pensées se sont matérialisées sous forme de combinaisons de lettres et d'espaces et m'ont laissée en paix.

 

Ce monsieur, décidément bien avisé, à qui j'ai confessé ma peur de l'échec, mais surtout, mon angoisse de laisser s'exprimer une part inconnue de ma personnalité qui pourrait s'avérer obscure et ingérable, m'a répondu par une citation:

 

Notre peur la plus profonde n'est pas de ne pas être à la hauteur mais d'être puissant au-delà de toute limite. C'est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraye le plus. Nous posons la question: qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux, merveilleux? Mais, en fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ?
Williamson
En fait, il est vrai, qui suis-je pour ne pas l'être? Quel risque y aurait-il à aller vers ce à quoi on aspire tant?

En fouillant dans ma commode, j'ai mis la main sur un texte écrit pendant ma grossesse. Si j'en trouve le courage, je le publierai demain.


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