11 Octobre 2012
Qu'y a-t-il de plus ch... énervant qu'un jeune enfant malade?
Deux jeunes enfants malades? Sans doute.
La journée n'a pas démarré sous les meilleurs auspices. "Thaïch pipi doen (faire pipi)!" Cinq minutes montre en main plus tard, le pot est toujours vide. J'ai faim. On remonte la culotte, le pantalon, on le noue et... "Thaïch pipi doen!" Rebelote. Quatre fois. Par acquis de consience, et un manque total d'envie de lessiver à la main dans l'évier de grand matin, on met un lange. Pleurs. "Nee yanch, nee!" On l'enlève, on remet la culotte. "Nee, culoc, nee, Thaïch yanch!" On remet le lange. "Neee! Thaïch culoc!" On enlève à nouveau le lange "et ça suffit, maintenant, on va manger!" Pleurs.
La plaie hurlante me suit jusqu'à la cuisine où je prépare le biberon. "Tu as faim, ma chérie?" "Nee!" "Tu vas boire ton biberon?" "Nee!" "Va chercher ton bavoir." "Nee!" "Sisisi, va chercher ton bavoir, ma chérie!" "Nee avoir!" N'étant pas d'humeur négociatrice, je l'embarque, lui mets son bavoir et l'installe dans le sofa où madame a ses habitudes. Je lui tends le biberon, elle cache ses petites mains sous son sweat-shirt. "Allez, ma chérie, bois ton biberon!" Les mimines restent invisibles et la tête se tourne de côté, le menton levé en signe de protestation. Seul un coin d'oeil gauche m'observe à la dérobée. "Très bien, moi, je vais m'installer à table pour déjeuner, tant pis pour toi." Je me lève emportant le biberon devenu tiède. "Neeeeeeeeeeeeeeee, Mamaaaaaa! Thaïch pap! (biberon)" Je reviens sur mes pas, avance le bibi vers ses bras tendus et au moment où je pense qu'elle le tient, elle le lâche, cache à nouveau ses mains et lâche un "Nee pap!" Le biberon tombe sur le sofa où il laisse une belle trace de lait. A un autre moment, ç'aurait été le coin, mais comme j'ai de plus en plus faim, je passe l'éponge sans omettre de la gronder quand-même. Pleurs.
A table, la plaie est tout sourire. Sauf quand j'avance le biberon devant elle et qu'elle le repousse d'un air scandalisé. Elle accepte d'avaler ses vitamines et son sirop, mais refuse toujours le biberon. Je finis de manger, je débarrasse la table et prends un peu de temps pour ranger la cuisine. Deux minutes de paix, c'est toujours ça de pris. Je reviens dans la salle-à-manger... Le biberon gît au sol dans une flaque de lait qui s'élargit, alimentée à intervalle régulier par un nouveau jet. Coup d'oeil à la table: elle est inondée et deux petites mains agiles envoient le lait valdinguer par-dessus bord. Je crie. La plaie me fixe, tête baissée, et se met à rire. Cette fois, c'est le coin. Hurlements.
Les heures qui ont suivi se sont égrenées à coups de:
- Thaïch dodo! Pleurs. On va au lit. Nee dodo! Pleurs. On sort du lit. Thaïch dodo! Pleurs. On va au lit. Nee dodo! etc
- Thaïch pouf! (pantoufles) On met les pantoufles. Pleurs. Nee pouf! Thaïs schoune! (schoenen = chaussures) On enlève les pantoufles et on met les chaussures. Pleurs. Nee schouuune! etc
- Thaïch lire! Je lui donne un livre. Nee! Je lui en donne un autre. Nee! Je lui en donne un 3ème. Nee. Ainsi de suite jusqu'à ce que son étagère soit vide. Nee! Ben, je suis désolée, ma chérie, c'était le dernier. Pleurs.
- Thaïs, viens près de maman, ma chérie, je vais remonter ton pantalon sinon tu vas tomber. No reaction. Poule immobile, mains sur le ventre, tête baissée, regard fuyant. Thaïs, chérie, tu viens près de maman? Idem. Allez, Thaïs, viens, ma chérie, s'il-te-plaît. Idem. Chérie? Je t'ai demandé de venir près de moi. Idem. Tha-ïs, tu viens maintenant oui? Toujours idem. THAIS, NOMDEDJEU, VIENS ICI!!! Elle bouge. Pleurs.
Bref, en fin de journée, quand papa rentre, Thaïs est reposée et de meilleure disposition. Maman est sur les genoux et sent la fièvre poindre le bout de son nez.
Si je lance une pétition pour l'ouverture d'une crèche pour enfants malades subsidiée par le Ministère de la Santé, vous la signez?
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