21 Septembre 2012
Longtemps, un an à peu près, j’ai hiberné. Aucun endroit ne me paraissait aussi accueillant que mon cocon où je passais de longues soirées
en la compagnie exclusive de l’homme, du bébé nouvellement arrivé et du chat. Toute sortie hors de cette zone de sécurité était vécue comme un devoir, pénible mais nécessaire. Puis, lentement
mais sûrement, l’envie de remettre le nez dehors est venue me titiller. D’abord imprécise, elle m’a poussée, de démangeaison en picotement, vers des cours de langue et d’infographie, vers un
atelier d’écriture aussi. Cependant, bien qu’entièrement satisfaite de ces activités (je participe d’ailleurs toujours aux ateliers d’écriture), je ressentais comme une carence, un désir d’autre
chose. Un doigt inconnu me grattait l’arrière de la nuque et me poussait à ne pas me satisfaire de ce que j’avais déjà entrepris, mais à regarder ailleurs, renifler, pister cette envie. Alors
seulement, elle s’est précisée. Elle s’est matérialisée sous forme de chatouillements aux bouts des doigts. J’avais envie de FAIRE quelque chose. Fabriquer, bricoler, réaliser, créer,
exécuter…mes petits longs doigts voulaient bouger ailleurs que sur un clavier d’ordinateur.
Oui, mais voilà, que faire de cesdits doigts lorsque ceux-ci sont si maladroits ? Thaïs dessine mieux que moi et les clous que je plante ne sont jamais droits. Je ne suis pas fan de poterie, pas assez patiente pour apprécier le scrapbooking et allergique à la sciure de bois – car oui, j’ai même envisagé de retaper de vieux meubles. De plus, « me connaissant moi-même » comme le recommande la très sensée et très socratique formule, tout passe-temps ne présentant pas un minimum d’utilité, telle que je la conçois bien entendu, aurait peu de chance de durer. Ainsi que tout passe-temps dont la nature serait trop éloignée de mes centres d’intérêts actuels. Mon temps, à l’image de celui du reste de l’humanité, n’est hélas pas élastique et, ô déception, je n’ai qu’une tête et deux mains. Malhabiles.
Savoir ce qu’on ne veut pas, c’est déjà avancer. A ce stade, mon cerveau a fait ce qu’il fait de mieux : carburer. A part ma fille et à part la photographier sous toutes les coutures, ce que je fais déjà, quelle autre passion ai-je dans la vie ? Les livres. Ok… Pause. On respire. Un, deux. Maintenant, on repose la question et on y répond spontanément c.-à-d. en cessant de systématiquement intellectualiser par crainte de passer pour une futile écervelée. Quelle autre passion ai-je dans la vie ? Les chiffons ! Nous y voilà ! Que ce soit ici, ici ou là, et quel que soit le terme utilisé, je passe 80% de mon temps à penser et à parler chiffons. Il m’arrive même régulièrement de pénétrer dans des grandes enseignes de tissu, de déco ou de prêt-à-porter pour le seul plaisir de promener les mains sur les étoffes présentées. En fait, je réalise à l’instant que toucher les tissus qui m’entourent est un geste que je fais constamment. Ne sursautez donc pas si je caresse d’un air songeur l’arrière de votre jupe, votre croupe, si appétissante soit-elle, ne m’intéresse en rien. Si cela peut vous rassurer, sachez que je caresserais votre nappe à fleurs ou votre essuie-vaisselle de la même manière.
De saut en saut, me voici donc arrivée à une évidence : j’ai envie de coudre. Bien…bien…mais je n’ai pas de machine et, en aurais-je une, je ne saurais pas comment m’en servir, ma dernière expérience avec cet outil ménager remontant à l’an de grâce 1986, peu après la disparition des derniers dinosaures terriens. C’est là que mon amie la Raison me susurre « suis donc quelques cours et ensuite, si cela te plaît, achète une machine… » Ah qu’il est bon d’être raisonnable parfois ! Mes doigts, tout revigorés à la perspective de bientôt tripoter de la machine, acceptent sans rechigner de voguer à nouveau sur le clavier à la recherche d’ateliers de couture. Facile ? Eh bien, non ! C’est que, sous l’empressement des branchés du monde entier accros au vintage et au DIY – Do It Yourself, la couture, (trop) longtemps moquée et considérée comme un passe-temps ringard, a joui ces dernières années d’un regain d’intérêt, au même titre que ses frère et sœur tricot et broderie. Les trois se sont vus propulsés au firmament des activités hype de ce début de siècle, à tel point que si vous ne glissez pas innocemment dans une de vos conversations que vous êtes très porté sur l’une de ces choses, c’est vous qui passez aujourd’hui pour le ringard. En d’autres mots, les propositions de cours pullulent. Individuels ou collectifs, de jour ou en soirée, en ateliers par thèmes ou sous forme de cursus, en offre publique ou privée, le choix est vaste et il faut savoir cibler ce que l’on veut vraiment. Autant l’avouer, trop de choix tuant le plaisir de choisir, j’étais totalement perdue !
La solution m’est apparue sous forme d’un e-mail de mon Flaminou judicieusement intitulé « This may interest you… » Son contenu ? Un lien. Un lien vers un site proposant des cours de couture, mais pas que… Un nom ? Les Midinettes – Café-Couture & Shop. Le nom m’a fait sourire et j’ai ouvert le lien... Si vous ne connaissez pas l’histoire des Midinettes, voyez ici. Sur cette page, on fait également la connaissance de la blonde Isabelle et de la brune Mathilde qui ont uni leurs talents pour créer cet espace qui leur ressemble, leur café-couture où en plus de dispenser des cours sous forme d’ateliers thématiques (la liste ici), elles proposent également un service retouches (les tarifs ici), une boutique où l’on trouve des pièces de créateurs triés sur le volet (les noms ici), ainsi que ce qui fait la spécificité de l’endroit : la mise en location de machine à coudre sur le modèle des cyber-cafés (les tarifs ici), « sauf qu’ici, on loue une machine et on coud ! » comme le précisent les demoiselles. Intéressant aussi pour celles qui savent déjà manier l’engin, les locations accompagnées de machines permettent de bénéficier de conseils pros lors de la réalisation d'un son projet personnel.
Le maniement de l’engin en question m’étant aussi familier que la conjugaison du verbe coudre à l’imparfait du subjonctif (renseignement pris, c’est que je cousisse, si, si !), je m’inscris donc à l’atelier d’Initiation à la couture. Autant commencer par le commencement, n’est-ce pas ? Et là, débute une attente qui me semble interminable… Il faut dire qu’en proposant un concept unique à Bruxelles, les Midinettes ont démarré très fort en mai de cette année et le succès a de suite été au rendez-vous. Cela signifie que certains ateliers affichent déjà complets et qu’il est donc utile de consulter le site régulièrement, voire de contacter les filles au cas où une place se libèrerait. A titre d’info, je me suis inscrite le 1er août pour les ateliers des 3 et 10 septembre. A noter également, c’est l’atelier d’initiation qui remporte le plus grand succès.
Le jour venu, le sac en bandoulière, j’émerge des profondeurs du métro à la Porte de Namur et rejoins à pieds le quartier branché de Saint-Boniface. Les Midinettes occupent le rez-de-chaussée d’une maison de maître typique. L’endroit est spacieux et lumineux, l’accueil charmant. C’est Isabelle qui prend les commandes de l’atelier et nous explique qu’il sera divisé en 2 partie : une partie plus théorique pour commencer et une partie plus pratique, la semaine suivante, comprenant la réalisation d’une petite trousse. La partie théorique, au cours de laquelle on apprendra quand-même à coudre un bouton cor-rec-te-ment (ne riez pas, ce n’est pas aussi évident qu’on le croit), est vraiment la bienvenue pour qui n’a aucune notion de couture. On y passe en revue le matériel de base, on se familiarise avec le vocabulaire technique, on apprend que le tissu a un sens, on survole les grandes lignes du patronage et on dissèque surjeteuse et machine à coudre. La séance se termine par un exercice qui semble tout simple et qui consiste à piquer droit… Laissez-moi vous dire que cet exercice est plus que nécessaire ! Lors du deuxième module, les choses sérieuses commencent. Isabelle explique la marche à suivre, puis papillonne d’une participante à l’autre, prodiguant conseils et encouragements, mais du choix du tissu à la pose de l’élastique et du bouton qui fermeront votre trousse, vous êtes seul maître des opérations. Le résultat en est une fierté inouïe une fois la trousse terminée et une envie presque irrépressible de la montrer à tous ceux qui croisent votre chemin sur le retour en leur disant « Z’avez vu ? C’est moi qui l’ai faite !! »
Ma trousse!!!
Mon expérience chez les Midinettes s’est avérée tellement positive que l’achat d’une machine est au programme. Dans mes rêves les plus fous, je m’imagine même coudre des petits vêtements pour Thaïs. J’aurai alors bien besoin de quelques séances de couture accompagnée… Ce qui fait les charme des Midinettes? Le sourire de deux demoiselles qui ont eu le culot de remonter leurs manches et de réliser leur rêve, une styliste pro à la barre qui a entre autres été formée chez Martin Margiela – excusez du peu, un cadre agréable, une ambiance très conviviale où tout le monde se tutoie et, cerise sur le gâteau, la collation offerte et servie sur un plateau !
Voilà…plus rien ne devrait vous retenir de vous inscrire pour découvrir une nouvelle activité ou vous y remettre, pour faire un break et souffler un peu, pour se retrouver entre filles, pour se regonfler l’ego une fois l’œuvre accomplie…les bonnes raisons sont multiples. Rien ne vous empêche non plus d’y passer juste pour jeter un œil sur les trésors de la boutique. Personnellement, j’ai craqué pour un sweat-shirt très fun imprimé bête à corne. On ne se refait pas.
Et si cela vous plaît, cOUsez-en autour de vous, j’ai envie de dire…
Mon humour idiot n’est dû qu’à une surdose d’enthousiasme. Merci les filles !
Poupoule et son sourire signifiant "maman chérie, couds-moi de jolies robes!"
Les Midinettes - Café-couture & Shop
Rue Ernest Solvay 30
1050 Bruxelles
Tel : (+32) 02 502 03 33
info@lesmidinettes.be
Crédits photos Les Midinettes, Aurélie Choiral, Gaël.be & Ljubi - Mamablog
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