18 Décembre 2013
Louchaguimar,
Lou-cha-gui-mar,
Louuuu-chaaaa-guiiiii-maaaaar!
On répète, tous en choeur et de plus en plus vite!
Facebook est une plate-forme formidable, en fait! J'y ai fait des rencontres très intéressantes... Prenez le cas de Catherine, par exemple. Dans notre école de bonnes soeurs, on se croisait sans jamais se parler. C'est à peine si on s'adressait un regard. On n'avait pas le même look, pas les mêmes amis, pas les mêmes centres d'intérêts, pas les mêmes options. C'était latin-math vs. sciences-langues.
C'est sur Facebook qu'on a appris à "se connaître" au travers de nos photos, de nos statuts respectifs, d'articles partagés sur nos murs. C'est sur Facebook qu'on a découvert, avec 20 ans et des poussières de plus dans les dents, qu'en fin de compte on n'était pas si différentes...
Récemment, Catherine a concrétisé un de ses rêves: ouvrir sa boutique de seconde main de vêtements, jouets et matériel pour enfants. Et moi, j'ai eu envie de vous dresser le portrait de cette super maman qui élève sa marmaille loin des bruits de la ville, dans sa jolie province du Luxembourg.
- LOUise, CHArlotte, GUIllaume, MARtin…ou est-ce que je me trompe?
Non, pas du tout! J’ai toujours trouvé que «louchaguimar» sonnait bien. Un peu difficile à retenir mais une fois que j’en explique l’origine, les gens s’en souviennent! J’utilisais déjà ce condensé de prénoms comme pseudo sur des sites de vente en ligne, sur ebay…
- Parle-nous un peu plus de cette envie de boutique devenue réalité il y a quelques mois…
La boutique Louchaguimar est un dépôt-vente de vêtements pour enfants de 0 à 15 ans, articles de sport, accessoires, puériculture, jouets, livres… En fait, tout ce qui concerne les enfants. Il y a aussi un rayon «en attendant bébé» avec des vêtements, des livres, des accessoires pour les futures mamans.
On y trouve aussi des créations textiles originales et personnalisées pour offrir ou se faire plaisir: guirlandes de fanions avec le prénom de l’enfant, vide-poches, coussins…
- La boutique existe-t-elle aussi sous forme de boutique en ligne?
Nous avons créé un site internet qui présente tous les articles de la boutique. Tous. Il y a un peu plus de 5000 articles dans la boutique et ils sont tous en photo sur le site. C’est pas mal de boulot mais je pense que les clients aiment voir le genre d’articles que je propose avant de venir à la boutique. Ce n’est pas un site marchand, on ne sait pas payer les achats mais on peut les réserver. Je les mets de côté dans l’arrière-boutique. Cela permet aux clients d’être sûr d’avoir ce qu’ils veulent sans être pressés de passer. J’envoie aussi par Kiala pour les clients qui ne savent pas se déplacer ou qui habitent loin!
- Quel a été ton parcours depuis les bancs de l’école où, si mes souvenirs sont bons, tu étais en filière latine?
Tes souvenirs sont bons, j’avais choisi latin-math-langues en secondaire. Ensuite, je suis allée aux FUCaM où j’ai suivi la formation d’ingénieur commercial et de gestion. C’est une bonne faculté, les études sont assez générales avec des bonnes bases en math et en langues. Et puis, détail non négligeable, c’est là que j’ai rencontré mon mari, papa de nos quatre moustiques donc… je ne regrette pas d’y être allée!
Ensuite, mon mari et moi avons trouvé le même jour notre premier boulot, lui à Luxembourg et moi à Bruxelles chez Deloitte. J’y suis restée 9 mois puis, les trajets Bruxelles-Luxembourg devenant quand même très fatigants, j’ai cherché à Luxembourg. J’ai alors travaillé à la State Street Bank pendant 2 ans et me suis fait happer par «l’industrie des fonds d’investissements». Ensuite, j’ai laissé les américains pour les japonais et je suis entrée à la Nomura Bank en août 2000 jusque mai 2013. Ces 13 années furent interrompues par quatre congés parentaux.
Je ne regrette rien de mon parcours. Même si sur la fin je ne trouvais plus de satisfactions dans ces métiers de la banque, c’était une belle expérience. J’ai beaucoup appris et j’avais de super collègues, une vraie bonne équipe.
- Quand est née cette envie ou ce besoin de changer de cap ?
Plusieurs éléments sont intervenus pour que ce projet voie le jour. Tout d’abord, un ras-le-bol progressif de mon ancien boulot: travailler à produire des rapports qui sont envoyés à l’autre bout de la terre et que 80% des destinataires ne liront pas, à la longue, ça devient ennuyant. J’avais besoin de contact, de savoir pour qui je travaillais, de sentir que ce que je faisais était utile.
Deuxièmement, trouver le bon équilibre travail/vie de famille devenait de plus en plus compliqué. Mon mari passant quand même pas mal d’heures au boulot, je devais gérer seule les devoirs, les repas, les douches, en récupérant les enfants à la garderie seulement à 18h15. J’avais l’impression de passer à côté de beaucoup de choses avec eux, d’être tout le temps pressée et de passer mes WE à faire tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire pendant la semaine. J’avais envie de bricoler avec eux, de cuisiner, de me promener… bref, de leur consacrer du temps.
Ensuite, il y a cette petite idée d’ouvrir mon propre magasin qui a fait son chemin tout doucement. Mon frère a lu un article un jour qui disait que pour savoir le métier qui nous épanouirait, on devait se souvenir à quoi on jouait quand on était petit. Mon jeu préféré était de sortir toutes les paires de chaussures dans le jardin et «jouer à la marchande» en obligeant mon malheureux frère à jouer au client ;-) Les vêtements, les chaussures, les accessoires… j’adore, autant pour moi que pour les enfants!
Enfin, je suis parfois affligée de voir notre société de sur-consommation et j’essaie, à mon niveau, de changer des petites choses dans ma vie de tous les jours. Ne plus acheter de biscuits en emballage individuel, laver la vitre du feu ouvert sans bombe chimique, marcher un peu au lieu de prendre la voiture… le seconde main fait partie de ces changements qu’on devrait tous adopter. Ca ne demande pas beaucoup d’effort, c’est du recyclage facile et utile!
Voilà comment a éclos l’idée de la boutique de seconde main pour enfants!
- La préparation a-t-elle été longue?
Non. J’ai eu le déclic vers le 15 février sous la douche. A partir de là, j’ai su que j’allais le faire.
J’ai l’immense chance d’habiter dans une grande ferme. Nous avons rénové les granges et le grenier mais ces pièces restaient quasi inutilisées. Je n’ai donc pas eu à chercher un local.
J’ai commencé à parler de mon projet autour de moi, à mes copines. Et c’est comme ça que les premiers dépôts sont arrivés fin février.
- Quelles sont les formations que tu as suivies?
Aucune. Avec mon mari, nous avons pensé au type de fichier dont j’aurais besoin pour bien gérer les entrées et les sorties et nous avons créé le site internet via Weebly, en apprenant au fur et à mesure de la construction!
- Quels sont les principaux obstacles rencontrés en cours de route?
Je n’ai pas rencontré de gros obstacles, j’ai beaucoup de chance. Juste des petits soucis de débutante! Un jour, on tombe à court de cintres ou on organise mal la semaine, on se retrouve avec trois gros dépôts et des commandes de couture et on ne sait plus par où commencer!
- Le support de la famille est-il quelque chose de primordial?
Hyper primordial. Quand on commence quelque chose «from scratch», on se pose beaucoup de questions, on a peur, on doute de soi et de son projet. La famille est là pour nous remonter le moral les jours sans client et pour fêter les jours fastes!
- Tu es également créatrice d’accessoire pour enfants en textile…
Oui, comme je l’explique dans mon blog, c’est une passion/loisir que j’ai démarré sur le tard. J’ai toujours mille et une idées qui me traversent l’esprit et trop peu de temps pour les réaliser. Je suis attirée par les jolis tissus, les belles associations de couleur. Je trouve cela tellement plus original d’offrir un petit coussin personnalisé, une jolie trousse à crayons ou un vide-poches dans de jolis tissus que des bricoles en plastique, des jouets vus et revus et qu’on ne regardera plus après trois jours…
- Comment gères-tu au jour le jour une boutique, une boutique en ligne, des commandes et 4 petits monstres ?
C’est en fait beaucoup de travail. En nombre d’heures, je bosse plus qu’avant!
La boutique est ouverte trois jours sur la semaine. Ces jours-là, je range, je mets sur cintre, je mets à jours mes fichiers et supprime les articles vendus de Facebook et du site et je papote beaucoup avec les clientes! Ces jours-là, donc mardi et jeudi, les enfants mangent à l’école.
Les jours où la boutique n’est pas ouverte (seulement sur rdv), je couds, je prends toutes les photos, je pose les étiquettes et écris les prix. Ces jours-là, je prépare de la soupe, les repas, je fais un maximum de devoirs avec les enfants, je range le linge... juste tout ce qu’une maman fait! Et ces jours-là, les enfants reviennent en général manger à la maison à midi. Je m’octroie aussi de temps en temps un lunch avec mes anciens collègues ou avec une copine, histoire de sortir de chez moi un petit peu.
- Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Que cet équilibre que j’ai voulu trouver en ouvrant la boutique se maintienne.
Combiner les quatre enfants, ma vie professionnelle, celle de mon mari tout en se ménageant du temps pour les loisirs seule et en famille, c’est un défi que toute maman doit réussir à relever.
On peut aussi me souhaiter beaucoup de clients ;-)
Pour plus d'infos, retrouvez Catherine et Louchaguimar:
- sur facebook
- sur leur site
- sur le blog
Pour ceux et celles de passage ou habitants dans la région, l'adresse du magasin:
Elterwee 2
6700 Weyler
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