7 Février 2013
Bien sûr, je canarde la Poule chaque jour que Dieu fait ! Je lui tire le portrait plus vite que mon ombre, les photos s’enchaînent au même rythme que les balles d’une mitraillette, au point où, lors de courtes accalmies, si l’on jouit d’une ouïe fine, on peut entendre une faible voix émaner de mon appareil et articuler entre deux halètements « stop, pleaaase, I need some rest…* » (Mon hybride est japonais, mais afin d’établir entre nous une communication dépourvue de malentendus, il me parle en anglais). Seulement voilà, pour mon plus grand malheur, je ne suis pas photographe professionnelle et mes photos ne sont logiquement pas d’un niveau pro… Argh, comme il est douloureux de reconnaître publiquement ses faiblesses ! C’est un peu de ma faute aussi. Ma décision d’entrer en fac de Philo & Lettres et de compléter par un Master en Ressources Humaines n’était pas la voie la plus directe pour finir photographe, j’en suis bien consciente. On mettra ça sur le compte d’une erreur de jeunesse…
Alors, que faire ? Faire appel à des gens qui, ayant fait preuve d’une logique dont j’étais dépourvue à leur âge, ont étudié la photo dans le but d’en faire leur métier ? Par exemple, oui. Partant du principe que Less is more** j’avais envie de sobriété. Exit donc les clichés ringards de bébé dans un panier en osier recouvert de tulle rose rebrodé de fleurs artificielles...ce qui réduit grandement l’étendue du choix, à croire que plus on veut simple, plus c’est compliqué à dénicher. C’est par hasard, en surfant sur Facebook, de page en page, que je suis tombée sur un commentaire laissé par Les Petits Filous. Curieuse de nature, j’ai cliqué sur leur nom pour en savoir plus et c’est un peu comme si la caverne d’Ali Baba s’ouvrait à moi.
Les petits filous est un studio photo spécialisé dans les portraits d'enfants et de familles situé à Bruxelles, non loin de la célèbre Avenue Louise, et dont Louise et Guillaume sont les heureux propriétaires. En plus de shooter ma Poule – au figuré, rassurez-vous, ils ne sont pas adeptes de la chasse à la gallinette cendrée – je leur ai demandé de bien vouloir répondre à quelques petites questions, histoire de faire connaissance.
Nous sommes un couple franco-anglais. Louise est anglaise et a grandi sur une petite ile près des côtes Bretonnes, la fameuse ile de Jersey. Apres avoir étudié à Londres, elle a décidé de faire une école de photo à Paris.
Guillaume est français et a grandi à Paris. Après avoir fait des études de Droit, il décide d’intégrer une école de photographie, puis, de voyager.
Forts d’une expérience d’une dizaine d’année en tant que photographes, on a décidé de créer Les Petits Filous, le 1er studio photo spécialisé dans le portrait d’enfants, et de venir s’installer à Bruxelles. Les Petits Filous ont ouvert leurs portes en janvier 2012.
Bruxelles était le compromis géographique idéal. On voulait aussi avoir une grande surface pour créer le studio. Notre loft est le parfait endroit pour que les enfants puissent jouer. Bruxelles est aussi très cosmopolite, vous pouvez entendre parler français, anglais, flamand ou allemand. Nous adorions la ville et on a un petit faible pour les chocolats…
On voulait se diversifier et travailler avec des personnes dont le but n’est pas d’être beau dans la vie mais d’être heureux : les enfants ! On a toujours eu une approche spontanée de la photographie, pas trop posé, pas trop de mise en scène, on cherche plus à obtenir quelque-chose de vivant et surtout de sincère. Les enfants sont parfaits pour ça, la plupart du temps ils ne se rendent pas vraiment compte qu‘on les prend en photo.
Bien entendu, on adore les enfants et nous pensons construire une grande famille bientôt, mais pour l’instant nous profitons de nos 30 ans et de nos nuits calmes (note de l’interviewer : effectivement, profitez-en bien !!!)
Ce n’est jamais évident d’arriver dans une ville ou on ne connaît personne et de créer une entreprise, un concept... Ça a été 1 an de travail, 7j/7, avec des journées se terminant tard le soir et nous avons eu quelques galères, mais le bilan est positif. Nous prenons soin de nos clients et de notre service, ce qui est pour nous le plus important. Si la séance doit durer 30 minutes de plus car l’enfant doit manger nous le faisons avec plaisir. Je crois que les clients apprécient. Nous ne cherchons pas à faire du profit à tout prix, mais plutôt à être à la tête d’une entreprise artisanale de quartier.
Quand les enfants arrivent au studio ils sont très timides : nouveau lieu, nouvelles têtes... Nous prenons le temps de leur parler, de les mettre à l’aise, de jouer avec eux. Nous ne cherchons pas à les contrôler. Et nous avons aussi nos petites ruses de professionnels…
La découverte des familles, des enfants, essayer de faire de meilleures photos. Quand les familles nous remercient après avoir vu les photos, quand les mamans pleurent de joie, quand les petits disent « c’était chouette… » Toutes ces petites choses qui font qu’on a l’impression de donner un peu de joie et de laisser une trace aux familles, un souvenir.
Premièrement il faut que l’enfant ou le bébé ait bien mangé et bien dormi. Ensuite, il faut que les parents lui disent où ils vont et ce qu’on va y faire, qu’ils le mettent à l’aise en lui disant qu’il va jouer. Un peu comme pour le 1er jour de crèche!
Pas vraiment… Les parents nous font toujours confiance. Parfois les enfants mettent un peu plus de temps à être à l’aise et vous vous demandez si vous allez réussir à produire de bonnes images, mais, en général, 5 minutes de plus suffisent et on peut commencer la séance. Chaque enfant est différent, on ne sait jamais à quoi s’attendre, ça peut aller du sourire au vomi très rapidement
On garde toutes les images 10 ans sur 2 disques durs externes protégés, donc pas de problème si vous perdez les images ou si vous en voulez plus.
Parfois nous organisons des jeux concours ou une semaine spéciale avec des tarifs promotionnels. La dernière action a eu lieu début Janvier et nous avons été assaillis de réservations. C’est un peu la rançon de la gloire !
Premièrement, de toujours avoir un appareil à portée de main. Ça peut aller du Smartphone au reflex numérique, ce n’est pas l’appareil qui compte mais le moment. Ensuite, être assez rapide, les enfants vont vite. Et enfin, leur faire oublier l’appareil.
Oh c’est gentil ! On travaille beaucoup pour ça. Il ne faut pas compter les heures. Comme pour tout chef d’entreprise, c’est parfois dur mentalement, mais au moins on sait pourquoi on travaille. A croire que dans ce monde les rêves sont encore réalisables si on y croit vraiment !
Rendez-vous fut donc pris. Compte tenu du caractère tempéré de la Poule – comprenons-nous bien : tempéré à l’image du climat de la Belgique, celui-là même qui fait qu’on ne sait jamais s’il va pleuvoir ou faire grand soleil – le jour J a vu une maman quelque peu tendue débarquer au studio. C’est Guillaume qui nous a accueillies dans un loft magnifique combinant espace professionnel et espace privé. La Poule a dit « bonjour, monssssieur ! » et a investi les lieux d’un pas décidé. (Guillaume, je reprends tes propos : Quand les enfants arrivent au studio ils sont très timides… ma Poule n’est sans doute pas une enfant comme les autres… oui, comme un paon, je me gonfle de fierté, de là à penser que je fais la roue…) Elle a enlevé son manteau et son écharpe, a fait le tour du propriétaire et s’est spontanément dirigée vers le studio où elle a pris la pose sans rechigner. Faut dire que Guillaume a mis le paquet pour l’amuser : des chaises et une table à sa taille recouverte de crayons de couleur, un « youyou paardje » (cheval à bascule) à crinière acrylique orange fluo tout droit sorti de mon enfance et dont j’ai cru que la Poule allait être éjectée tant elle le secouait, des ballons de différentes tailles… A un moment, je me suis demandée lequel des deux s’amusait le plus… On a changé de tenue, une fois, deux fois et les flashs ont continué de crépiter sur une Poupoule ultra souriante et hyper à l’aise. Même Firmin le Lapin s’est improvisé photographe ! Une séance placée sous le signe de la bonne humeur et de la décontraction, donc.
Et puis, ce fut au tour de maman de prendre la pose… En météo, on appelle ça une dépression. Vent, pluie, brouillard, visibilité réduite. En photo, ça donne le regard baissé et les cheveux dans la figure. Ne s’appelle pas Claudia qui veut. Passons, voulez-vous ?
Après visionnage des clichés, j’ai fixé mon choix sur 10 photos format numérique et 2 impressions. Dur de choisir parmi toutes les photos malgré le tri opéré par Guillaume au préalable ! La Poule s’en est donné à cœur joie et cela transparaît sur toutes les images. Elles correspondent exactement à ce que j’aime et à ce que je désirais, elles sont sobres, simples, lumineuses et la Poule y est radieuse. On a procédé par élimination ce qui, en langage maman, se traduit par virer d’office tous les clichés où mon chauli minois apparaît…sauf une : celle où on me voit le moins, yèkyèkyèk !
Attention: interdiction formelle de comparer la qualité des photos précédentes avec celle
des clichés qui suivent!
Au moment de quitter les lieux, après avoir ouvert et refermé plusieurs fois toutes les portes des armoires de la cuisine, Poule a gratifié son nouveau copain d’un gros câlin et a même daigné lui faire un bisou… Le lendemain, au réveil, elle a levé les yeux vers moi et m’a demandé un grand sourire aux lèvres : « monsieur nog photos maken ? » (le monsieur va encore faire des photos ?) Afin d’éviter une crise de larmes provoquée par ma réponse négative, j’ai dû lui promettre de la prendre en photo le soir-même…ce qu’elle n’a pas manqué de me rappeler le soir venu !
Le lundi suivant, nous sommes retournées au studio afin de prendre livraison de la clé USB et des deux impressions. En vieille habituée, Thaïs a lancé un « salut ! » à Guillaume et balancé son combi manteau-écharpe au sol, puis elle s’est dirigée vers le studio, apparemment prête pour une nouvelle séance de pose. Ce qui me fait revenir sur ma remarque de tout à l’heure : je ne m’appelle de toute évidence pas Claudia, mais ma fille, par contre, je pourrais aisément la rebaptiser Cindy… Faudrait que je songe à contacter un agent.
Au moment des adieux, j’ai résisté à l’envie très forte d’assommer Guillaume et de l’enfermer dans une malle à destination de Tombouctou afin de prendre possession des lieux et de sa vie… Pourquoi ? Des séquelles de mon éducation catholique, sans doute, le bien, le mal, tout ça, tout ça… Et puis, c’eut été une drôle de façon de le remercier pour les sublimes clichés de la Poule, non ?
Bilan: plus que positif ! Une Poule dont la décontraction, pour ne pas dire le professionnalisme, m’a épatée, une infrastructure confortable et accueillante qui aurait sa place dans un magazine de déco, une ambiance détendue, un photographe adorable aux petits soins pour ses petits clients, des photos magnifiques… un seul regret : j’aurais aimé rencontrer la jolie Louise ! Si Thaïs continue à me tanner pour faire des photos, cela risque fort de se produire sous peu…
Merci Guillaume pour les étoiles dans les yeux de maman, merci les Petits Filous pour les sourires malicieux immortalisés de la Poule et bonne et longue continuation !!!
Coordonnées du studio, tarifs, contact…tout sur leur site ici.
Leur page FB pour être au courant de leur actualité ici (n’hésitez pas à liker, vous savez comment ça marche !) et découvrir une nouvelle photo de Thaïs en date du 31 janvier!
*arrête, stp, j’ai besoin de repos…
**moins on en fait, mieux c’est…vive le minimalisme, donc !
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