26 Février 2012
J’eus pu être originaire du pays où chantent les sources d’eau à la pureté cristalline, où s’étendent à perte de vue les forêts de sapin où il fait bon respirer un air vif et sain… Mon Grand Sud Belge à moi a plutôt le profil d’un territoire abandonné des dieux. Ses montagnes sont le fait de l’homme et sous leur végétation clairsemée, on ne trouve que poussière noire et amoncellements de sous-produits d’exploitations minières. Celles-ci ont depuis bien longtemps fermé leurs portes, jetant sur le pavé et vouant à la famine de pauvres gens dont elles étaient l’unique perspective d’avenir. Ruines de bâtiments industriels, autrefois majestueux, tombés dans l’oubli et l’indifférence et corons ayant un jour grouillé de vie se partagent les quelques espaces qu’on a bien voulu leur laisser après la destruction des vestiges devenus inutiles et l’urbanisation massive et sauvage dont la région a été victime.
(Ne partez pas, ça devient plus comique en-dessous !!)
Dans cette contrée hostile et inhospitalière, les autochtones s’expriment dans un dialecte qui, s’il n’est pas
intelligible de tous, a au moins le mérite d’être remarquable. Il n’est pas rare, au cours d’une randonnée, que l’oreille du promeneur perçoive de sonores "Mîn ouais, m’biau, tu m’l’inwânes,
minga !", "L’est co kèyu suss’gueûle, l’aut’sot ? Cé bié fé !" ou autres "Leï mè fé, biesse que t’es !" et "Tin l’ké ti mîn-me, gros fââât !" Ces sons, s’ils peuvent de
prime abord effrayer l’étranger ayant atterri dans la région par malchance hasard, ne sont en fait que l’expression de la vie quotidienne du peuple résidant et ne représentent, en réalité,
aucun danger.
Tout cela vous semble étonnant ? Et pourtant, ce Grand Sud Belge vit aussi en partie en Poule, ce qui explique sans doute pourquoi les éructations évoquées plus haut ne la terrifient pas (car non, nous ne pratiquons pas le dialecte local à la maison).
Poule a su trouver, tout comme sa maman, une certaine poésie à ce paysage rugueux et elle s’est mise à le chérir tendrement. Lors d’une visite, elle ne rate jamais la promenade dans un des nombreux Ravels qui sillonnent la région. Elle pose un regard affectueux sur ce qui l’entoure, faune, flore et bâtiments, et en absorbe les moindres détails. Peut-être sera-t-elle plus tard, à l’image de sa grand-mère adorée, férue d'histoire locale.
Au cours de son séjour, Poule n’oublie bien sûr jamais de contacter son Flaminou de papa resté à la Capitale pour lui donner des nouvelles et le rassurer… Met deze Walen weet je immers nooit, he !? Papa est d’ailleurs toujours très content lorsqu’au terme du séjour il retrouve femme et enfant dans le même état qu’il les a laissées : entières et en bonne santé.
Le bain est nécessaire pour
désincruster les particules de charbon collées à la peau.
Petite Poule a déjà prévu un nouveau séjour au printemps, lorsque les arbres qui bordent les Ravels reverdissent et que les lapereaux vous saluent sur le bord du chemin…
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