7 Décembre 2011
Hier, c’était la Saint-Nicolas.
Comme chaque année, des dizaines de milliers d’enfants ont reçu des dizaines de milliers de jouets. Pas Thaïs. J’ai bien l’intention de lui offrir un beau coffre où ranger les nombreux jouets qu’elle a reçus lors de son récent anniversaire, mais je ne pars pas dans l’idée de lui raconter que Saint-Nicolas l’a déposé pour elle. Tout comme je n’ai pas fait la file dans les grands magasins afin de la poser quelques secondes, après 45 minutes d’attente, sur les genoux d’un gars affublé d’un costume ringard fleurant bon la transpiration due à des heures de station assise sous un spot et dont, derrière sa barbe blanche aux relents de tabac froid, on ne sait rien.
Rabat-joie? A voir. Qu’est-ce qui est le plus cruel? Fermer à son enfant les portes d’un monde inventé de toute pièce, fruit de l’imagination mercantile des adultes et, avec le mythe du Père Noël, plus grosse fumisterie jamais mise sur pied au niveau mondial; ou faire gober à son innocent bambin, durant de longues années, de jolis comtes de gros messieurs barbus qui se baladent de par le monde à dos d’âne ou en traineau pour récompenser les enfants gentils, et, lorsqu’il aura bien assimilé la chose, vers les 7-8 ans, lui asséner telle un coup de massue sur la tête la vérité si banale et l’offrir en pâture à l’immense désillusion qui l’accompagne?
Sans doute étais-je une enfant trop fragile, mais j’en ai souffert quand un à un les mythes de mon enfance se sont effondrés. Quand j’ai réalisé que la réalité n’avait rien de magique, que le seul endroit où elle laissait la part belle au merveilleux était dans mes rêves, la nuit, et que les méchants ne sont pas systématiquement punis et les gentils récompensés. Ai-je maintenant envie d’infliger le même désenchantement à ma fille, en sachant que la vie qui l'attend même étant heureuse sera jalonnée de son lot déjà trop important de déboires? Pas sûre. Je lui raconterai l’histoire de Saint-Nicolas et elle entendra parler du Père Noël, mais elle saura que les cadeaux sont achetés en magasin par les êtres humains qui peuplent son existence et, surtout, qu’ils se méritent. J’éviterai par la même occasion les questions embarrassantes comme "comment y fait Saint-Nicolas pour être partout à la fois? Et si le Père Noël habite en Laponie, comment y sait qui je suis et ce que je veux?" Car c’est bien connu, un mensonge mène à autre mensonge et quand on tente plus tard de s'en dépétrer, on y laisse de sa crédibilité.
Thaïs se cache sous l’évier de la salle de bain…pour échapper aux mensonges des adultes ?
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