23 Septembre 2013
Le hasard, les coïncidences, vous y croyez? Pas moi. A mon sens il n'y a ni hasard, ni coïncidence, mais la volonté commune des forces de l'univers, ou intelligence universelle, et de celles qui nous habitent, celles-ci faisant partie intégrante des premières, de mettre sur notre route ce que nous cherchons. Une fois le souhait clairement défini et exprimé, les rouages de la machine se mettent en branle et le résultat en est ce qu'on appelle hasard ou coïncidence. Sinon, comment expliquer ce qui m'est arrivé? Tout ceci vous paraît opaque? Laissez-moi vous expliquer.
Juillet 2013. Flaminou et moi nous entretenons au sujet de livres d'auteurs français dont la prose ne serait pas trop compliquée pour lui. Le nom de Saint-Exupéry est lâché. Je lui explique que, quand j'étais enfant, le Petit Prince était LA référence littéraire absolue. Le texte était cité et pris en exemple à toutes les sauces, pas toujours les plus digestes. Si tu n'avais pas lu et a-do-ré le livre parce que totalement en phase avec ta conception de la vie, tu étais aussi has-been que l'est cette expression. A tel point que je m'en suis lassée avant même d'en commencer la lecture. A tel point que, pendant des années, j'ai fui le Petit Prince et son monde imagé. Je n'hésitais jamais à faire savoir à mes interlocuteurs stupéfaits, voire courroucés, une once de défi dans la voix, que non, je ne l'avais pas lu et que non, je n'avais pas l'intention de le lire parce que le sujet traité avait déjà été rebattu et remâché à de trop nombreuses reprises et que, dans mes choix de lectures, j'étais à la recherche d'innovation. Aaah, nostalgie de ces années de pétasserie rebelle aux cheveux rouges et yeux cernés de noir!
Ce soir de juillet, j'ai admis devant l'homme que mon exaspération avait, depuis longtemps, fait place à une certaine curiosité et je pensais avoir atteint la maturité nécessaire pour enfin entamer la lecture de ce grand classique. La conversation a ensuite vogué sur d'autres auteurs et je l'aurais sans doute oubliée si nous n'avions été manger du côté de la Place du Jeu de Balle pour mon anniversaire quelques jours plus tard... Cette place, située en plein coeur des Marolles, accueille tous les matins un marché aux puces, soyons francs, surtout destinés aux touristes ne voyant aucun inconvénient à se faire plumer (voir ici). C'est un quartier populaire, aux frontières duquel Poule est née, dans lequel j'aime flâner de temps en temps, que je me rende chez Recréart ou par pur plaisir. Bien qu'il regorge de chouettes restaurants, de qualité et relativement bon-marché, ce n'est pas un quartier dans lequel nous avons nos habitudes culinaires. Ce soir-là était une exception, nous avons dérogé à notre routine et avons rencontré Saint-Exupéry et son Petit Prince littéralement sous les roues de notre voiture. Un vieux bouquins, aux pages jaunies et écornées, une édition de 1962 à la couverture souple, annotée par son précédent propriétaire. Un livre d'école, sans doute. Dans les marges, des traductions en néerlandais. Flaminou a déplacé la voiture. J'ai ramassé le livre, l'ai épousseté et, lançant un sourire complice à l'homme, l'ai placé en sécurité au fond de mon sac.
Vous savez, le plus comique dans cette histoire c'est que, d'ici une paire d'années, je le lirai très certainement à Thaïs...
A peu de choses près, la même aventure s'est répétée en ce début d'année scolaire. J'ai fait mention, dans une conversation, de ma collection Bibliothèque Verte de romans d'Alfred Hitchcock. Enfant, et bien que ceux-ci soient destinés à un public adolescent dont je ne faisais pas encore partie, j'étais fascinée par ses livres relatant les pérégrinations à mi-chemin entre polar et fantastique de Bob, Peter et Hannibal. Au plus c'était angoissant, au plus je me délectais à pénétrer ce monde interdit, sous la couette, à la lueur du jour faiblissant, alors que mes parents me pensaient en route pour celui de Morphée. Si j'avais possédé à l'époque une lampe de poche, je ne serais peut-être pas myope aujourd'hui. Car outre cette littérature, je m'adonnais au même rituel avec les écrits d'un autre maître du genre: Agatha Christie. On ne débattra pas de l'influence, néfaste ou non, que peuvent avoir des lectures dites pour adultes sur la psychologie d'un enfant de moins de 10 ans, mais quels agréables frissons ces moments volés m'ont procurés! Et quelle fierté de démasquer l'assassin avant Hercule, Miss Marple et leurs collègues! La collection d'Agatha Christie de maman est toujours conservée dans une armoire débordante de bouquins à la maison. Ma collection d'Alfred Hitchcock, par contre, semble s'être volatilisée en cours de chemin...
Quelques jours après cet état des choses, sur l'un des présentoirs du Magasin Gratuit, situé dans un quartier où je ne mets, pour ainsi dire, jamais les pieds, des couvertures vert pomme, marquées au nom du maître du suspense, attendaient, sagement alignées, que quelqu'un en prenne possession. J'en ai choisi une, la seule qui portait un titre que je ne connaissais pas. J'ai laissé les autres sur le présentoir, imaginant avec tendresse le plaisir qu'éprouvera celui ou celle qui, tel l'enfant que j'ai été, en découvrira le contenu, à la lumière douce d'un jour finissant...
On fait toujours des découvertes amusantes dans les vieux livres...
Merci, Chloé!
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