Vous rappelez-vous ma toute première expérience de teinture végétale?

J'avais choisi de garder et de faire sécher les peaux d'avocats ayant servi à réaliser un guacamole. Sur un coup de tête, sans véritable plan. Comme souvent.

Je me suis quand-même renseignée sur les étapes à suivre afin que toute l'entreprise ne se résume à un échec retentissant.

Pas de poudre d'alun dans mes tiroirs, mais surtout pas l'envie d'en utiliser puisque son extraction se fait généralement dans des conditions peu éthiques et très polluantes. J'ai donc tenté le mordançage au sel, tout simplement. Bien que les tanins de l'avocat étant très puissants, cette étape dont le but est de permettre aux colorants de bien pénétrer et donc teindre la fibre, n'est pas nécessaire. Disons que j'ai joué la carte de la double sûreté.

Notez que ce genre de teinture maison est réservée aux fibres naturelles: coton, lin, laine, soie... La teinture a tendance à "glisser" sur les fibres synthétiques.

Concrètement, j'ai donc:

1. fait bouillir un coupon de coton fin dans de l'eau salée pendant 30 minutes

2. fait bouillir les peaux d'avocats séchées et coupées en petits morceaux pendant une heure, en ajoutant de l'eau lorsque cela s'avérait nécessaire

3. filtré la décoction rougeâtre obtenue afin de ne garder que le liquide

4. plongé le tissu dans ce liquide que j'ai laissé chauffer à feu doux encore une petite heure

5. coupé le feu et laissé le tout mijoter toute la nuit

6. sorti de la casserole et rincé le tissu à l'eau froide

7. laissé le tissu sécher à l'air libre

8. lavé le tissu en machine (eh oui) en cycle délicat

9. à nouveau laissé le coupon sécher à l'air libre

Ensuite, je l'ai simplement repassé et je me suis mise à imaginer la jolie blouse que je pourrais couper dedans!

Naturellement, l'idée d'une blouse simple et romantique s'est imposée à moi. Patron maison, ce que je préfère, pour une coupe sans chichis, droite, sans manches. Avec l'ouverture dans le dos sous forme de deux liens à nouer. J'ai quand-même eu envie d'y intégrer deux plis cousus dans un fil écru contrastant.

Pour l'aspect romantique, j'ai ajouté des volants en guise de petites manches et... j'ai joué les alchimistes en tentant de teindre un galon de dentelle ancienne en utilisant les renoncules qui envahissent une partie de notre pelouse. Résultat? Inexistant. Frustration. L'intensité de la couleur du liquide obtenu laissait pourtant présager des merveilles... Mais on apprend de ses échecs, n'est-ce pas?

Au final, j'ai appliqué la dentelle utilisée lors de cette tentative. Sa teinte était très subtilement plus écrue après son bain aux renoncules qu'à l'état initial. Même si, autant l'avouer, cela ne se devine absolument pas sur la blouse finie.

La blouse, alors? Eh bien, la voilà. D'abord lors de l'essai, au-dessus du pyjama de la demoiselle, un matin frileux. Essai qui me permet de conclure que l'automne venu, elle pourra la porter avec un t-shirt à manches longues voire un col roulé.

Et puis, des photos de Céleste arborant fièrement la nouvelle venue de sa garde-robe de plus en plus éthique, en intérieur, devant un porte-manteau ancien - que je revends, si jamais - et durant une de ses promenades avec son "petit papa séri".

Alors, dites-moi, qu'en pensez-vous?

Belle journée et, d'avance, beau week-end!