5 Mai 2018
Lovée entre mes draps en lin froissés, la tête posée sur l'oreiller, les yeux tournés vers la fenêtre ouverte. Le store s'agite et frappe mollement le bois du chambranle, au gré du souffle léger du vent qui va, qui vient. La lourde tenture gonfle, presque imperceptiblement.
Au loin, les cloches de l'église de la grand-place sonnent le coup des dix heures. Je ne bouge pas. Je fixe la cime du bouleau immense dont le feuillage se balance en bruissant. Des oiseaux de toutes sortes y ont élu domicile et rivalisent de vocalises. Je suis incapable de les reconnaître au chant, mais qu'importe, j'apprécie le concert, en novice. La mélodie ne rompt ni le silence ni le calme, elle les accompagne.
La maison est tranquille. Thaïs est chez son père et Bébé est en promenade avec papa. Seuls les craquements du bois ici et là me rappellent que la bâtisse vit malgré l'absence, malgré nous.
Capsule, au creux de mon ventre, soupire. Elle aussi profite de ses instants privilégiés. Ses longues oreilles pointues sont au repos, mais se redressent instinctivement lorsqu'un bruit la surprend, lorsqu'un oiseau se lance dans un solo inattendu.
Des pas feutrés se font entendre dans les escaliers. En-haut des marches, un félin à la fourrure noir jais apparaît. Il hésite, puis, enhardi par la sérénité qui règne dans la pièce, avance de sa démarche chaloupée. En un bond léger, il se hisse sur l'appui de fenêtre et observe. Le jardin, le grand bouleau et au-delà. Un chat noir à la fenêtre... comme dans les romans qui racontent les vieilles femmes et leurs secrets, leurs connaissances, leur expérience, leur nostalgie.
Dans quelques minutes, je me lèverai, je descendrai et me verserai un café. Noir, lui aussi.
Dans quelques minutes car, pour le moment, je profite de cette pause hors du temps...
Voir le profil de Alix sur le portail Overblog
Commenter cet article