3 Mai 2018
Parfois, je dois me pincer.
Je la regarde et je dois me pincer pour me convaincre que je ne rêve pas, que c'est moi qui ai pondu cette merveille, qu'elle est bien là, cette petite poulette tant désirée, qu'elle nous a rejoints, naturellement, parce qu'elle l'a voulu.
Six mois, et plus, ont passé, et pourtant, j'éprouve encore du mal à réaliser qu'elle est sortie de mon ventre, par un joli matin d'octobre, parfaite, hurlante, dix doigts, dix orteils, complète.
Elle est allongée devant moi, sur la couette. Elle m'observe d'un air goguenard car elle sait qu'une attaque de bisous risque de s'abattre sur elle dans peu de temps.
Elle est allongée devant moi et ses iris changeants me fixent. La lumière y fait naître puis disparaître des reflets clairs. Elle gesticule et s'amuse à essayer d'attraper mon foulard avec ses petits pieds. Elle est là, vivante, vive, le corps en mouvement continuel, cependant, je doute encore...
Alors, je plonge! Je chatouille les cuissettes à fossettes et mords les joues dodues, j'empoigne les pieds et les bisoute sans ménagement, je fais des prouts de bouche sur son ventre tout doux. Sa petite bouche rose, délicate, s'étire en un large sourire. Je répète frénétiquement "toi, j'te bouffe, j'te bouffe, j'te bouffe...!" et elle éclate de ce rire si particulier, presque mécanique, horloger...
Quand je suis repue, je m'étends à ses côtés, une main sur son petit corps, mon regard dans le sien. Elle se cale sur le côté, pose une main encore maladroite sur mon visage et me susurre des gazouillis que j'interprète comme autant de mots d'amour. Ainsi, elle répond à mes Je t'aime, à mes Merci d'être là... pourtant, malgré tout, parfois, à nouveau, je dois me pincer...
Je vous laisse. Elle m'appelle.
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