Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Noir layette

Comme vous devez être heureuse...

Vous devez être comblée...

Vous devez être épanouie...

Et, à chaque fois, cette envie viscérale de répondre que je ne DOIS rien du tout, que je suis comme je suis, que je fais de mon mieux. Mais qui oserait avouer "Non, à vrai dire, je ne vais pas bien, je lutte minute après minute pour ne pas fondre en larmes..."?

Il existe cette loi universelle qui stipule que quand on devient maman, c'est surtout pour le meilleur et que le pire, mieux vaut le taire.

Cette loi pareille à une main gigantesque qui fait pression sur nos épaules déjà fragilisées.

Cette loi comme une pelle qui creuse chaque jour un peu plus le trou où l'on voudrait s'enterrer, qui gonfle jusqu'à l'explosion la culpabilité que l'on ressent à avoir un petit bébé dans les bras et aller si mal.

C'est une tyrannie du sourire qui commence dès la grossesse.

Enceinte de Thaïs, en fin de parcours, une collègue m'a un jour dit sèchement qu'elle en avait marre de me voir tirer la tronche et traîner la patte alors que je vivais un des plus beaux moments de ma vie et que j'aurais dû être heureuse... Pas le droit d'avoir l'épuisement marqué sur le visage, pas le droit d'avoir du mal à avancer à cause des kilos accumulés et d'un problème de sciatique, juste le droit, voire l'obligation, d'être heureuse.

Feindre l'épanouissement maternel total, nier la dépression qui s'installe, je l'ai fait cette fois encore. Jusqu'à l'éclatement, jusqu'à ce que mon corps ne réponde plus et que le noir des nuits d'hiver s'étende du petit matin au crépuscule sur mes humeurs.

J'ai tout risqué, mon équilibre et celui, encore fragile, trouvé laborieusement par les membres de notre famille. J'ai été jusqu'à me persuader que cette famille que j'ai construite mènerait sans doute une vie meilleure sans moi. Et j'ai eu peur, quand j'ai réalisé dans quelles profondeurs je m'étais laissé tomber, j'ai eu peur de ne plus pouvoir en émerger.

Non, lors d'une naissance, tout n'est pas peint de bleu ou de rose layette.

C'est un bouleversement qui s'enclenche au cours des mois précédents et perdure bien après. Un chamboulement radical qui peut s'avérer fatal.

La dépression post-natale n'est pas rare, les cas sont monnaie courante et, pourtant, aujourd'hui encore, malgré qu'elle soit reconnue par les professionnels de la santé, elle constitue un tabou. Les gens n'aiment pas qu'on écorne leurs images d'Epinal.

Parfois, je me demande... et si je n'avais pas osé crier à l'aide?

 

Noir layette

A savoir: toutes les maternités proposent un suivi psychologique aux jeunes mamans. Des psychologues sont spécialement attachés à ce service. Ils passent en général dans les chambres pour discuter et proposer une aide éventuelle. N'hésitez pas à les appeler même lorsque vous êtes sorties de l'hôpital, ils seront à même de vous épauler, de vous guider pour mettre en place des relais. 

Retour à l'accueil

Partager cet article

Repost0

À propos

Alix


Voir le profil de Alix sur le portail Overblog

Commenter cet article

G
Respect Alix... Je t'admire pcq oser en parler et demander de l'aide, c'est sans doute une grosse partie du chemin... Prends soin de toi !
Répondre
A
Merci.<br /> Je t'embrasse.
G
Tres beau témoignage, jai eu la chance davoir une grossesse parfaite ainsi qu'un accouchement parfait, pour autant apres l'accouchement jai pleuré non stop pendant 1 semaine, ma fille allait bien, jallais bien pour autant je n'arrêtait pas de pleurer, je suis parti de ka mater en pleure, je suis rentrée chez moi en pleure, je ne sais pas pourquoi juste jai pleurer pour mieux repartir ensuite. Ma fille a 6 ans aujourd'hui, et je suis heureuse dans ma vie de maman.<br /> Je pensait que serai moins compliqué etant asmat je suis avec des bebes et des enfants toute la journee pour autant jai ete parfois perdu, jai eu du mal, meme quand jai repris mon travail tout le monde me disait tu as de la chance tu as ta fille avec toi, pourquoi te pleindre, mais ca a ete tres dur de trouver ma place et celle de ma fille que je m'étais a l'écart de peur que mes employeurs pense que je privilégie ma fille a leur enfants, les 2 premier mois jai pleurer de ne pas men sortir, de vour ma fille pleurer et devoir consolé un autre petit .<br /> Ma aujourd'hui on a trouver un equilibre. <br /> Tous est bin piur jugé une personne, on est sensé etre dans une bulle de bonheur pour autant comme vous le dite tout nest pas rose.
Répondre
A
Merci pour tes mots, Laetitia... l'après n'a pas été facile pour toi non plus. Au lieu de tout mettre en place pour aider, la société juge. Parfois, je pense que juger permet à ces gens de ne pas se pencher sur leurs problèmes, de se rassurer... la bienveillance est tellement plus agréable pour tous.
L
Oh Alix, comme il est lourd le chagrin que tu partages et qu'on a envie de t'aider à porter... Parce qu'on sait qu'"on ne doit rien"... parce qu'on sait que c'est difficile... parce que l'épuisement maternel ça existe bel et bien que ça fait penser au pire. On est pas nous, on est pas celle qu'on rêve d'être, on est plus celle qu'ils connaissaient et pourtant on est une nouvelle (et temporaire) nous qu'il faut aimer avec bienveillance. Bravo pour l'appel à l'aide ! Et FUCK l'OMERTA !! Prends soin de toi et reviens-nous comme tu as besoin et envie d'être ! Bisous ma belle !
Répondre
A
Je retiens "Fuck l'omertà!" Et pas que dans ce cas! Etre nous, être vraies, avec nos soucis, nos ratés, nos pannes... sans jugement.<br /> Merci...