16 Janvier 2017
It sifts from leaden sieves,
It powders all the wood,
It fills with alabaster wool
The wrinkles of the road.
Emily Dickinson
A priori, l'hiver et moi ne sommes pas amis. Ni sur Facebook, ni dans la "vraie vie."
Ses températures me glacent. Son vent me transperce. Son manque de luminosité me déprime.
Je me recroqueville plus volontiers sous un plaid au coin d'un feu avec un bon bouquin que je ne m'ébroue avec joie dans la neige les rares fois où elle nous rend visite.
Le chapitre de la longue promenade dans la nature figée que je préfère est celui où les protagonistes rentrent dans un foyer bien chauffé et plongent leur corps bleui dans une baignoire fumante. J'esquive élégamment - du moins, j'aime à le croire - les cases remonte-pente et pistes pour sauter directement sur celles, plus accueillantes, de la raclette et du vin chaud.
Le Pirate rêve de reprendre le surf et la Poule d'apprendre à skier.
Moi, depuis mon accident de 93 et ma jambe cassée, je fuis tout ce qui glisse. La vitesse du schuss me fait paniquer, les bosses en cours de piste m'affolent et me ramasser le coccyx sur la surface dure et glaciale d'une patinoire ne m'enchante guère.
Chaque hiver, mon inaccessible étoile prend la forme d'une quête de la doudoune qui m'isolerait VRAIMENT du froid. Quoi que je porte, quel que soit le nombre de couches que j'additionne, je suis systématiquement gelée jusqu'aux os. Et ceci n'est pas une métaphore.
Pourtant...
Mon âme d'hypersensible ne peut rester de marbre devant la féérie que dégagent les paysages d'hiver. Qu'ils évoquent la mélancolie si souvent associée à la nudité de la nature, l'apaisement que procurent la blancheur et le son feutré des flocons qui se posent sur le sol. Le monde est au repos, en attente, en hibernation. Il propose une parenthèse de douceur bien méritée dans l'urgence du quotidien.
Peut-être devrais-je réapprendre à apprécier ces paysages hivernaux qui m'inspirent. Autrement. Puisque la célérité me paralyse, puisque le froid piquant induit en moi un sentiment d'inconfort asphyxiant, si je réappréhendais les choses sous un angle qui m'est favorable?
Je laisse l'homme surfer jusqu'à l'épuisement et la Poule skier jusqu'à la crampe... et moi, l'appareil-photo à la main, je file entre les sapins, sous une peau de renne, sur un traineau tiré par des chiens. Le soleil nous accompagne et nous permet même, de temps en temps, de faire halte, d'enfiler des raquettes et de poser quelques pas sur la poudreuse dans ce vrai luxe qu'est le silence absolu.
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