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Trop blanche pour moi

Il est 3h58.

Je suis arrachée à mon sommeil, si difficilement et beaucoup trop tardivement atteint, par une voix fluette dont ce n'est a priori ni l'heure ni le lieu de manifestation.

"Mamaaan, j'ai fait un mauvais rêve! J'ai peur! Je veux dormir près de vous!"

Joli-papa soulève la couette et une Poule tremblante au visage mouillé de larmes atterrit entre nous. Recroquevillée contre moi, elle murmure: "je sais pas si je vais savoir encore dormir."

Il va bien falloir, pourtant.

Je la rassure et sèche les pleurs. Maintenant, le rituel d'endormissement près de maman peut commencer.

Elle se pose sur le flan gauche, face à moi, les genoux repliés contre mon ventre, les pieds au chaud le long de mes cuisses. Elle bâille. Sa main gauche trouve sa position sous les oreillers entre nous. L'autre menotte débute son habituelle exploration du monde que forment ma figure, mon cou et mon buste.

La main douce, et encore froide de son périple d'une couette à l'autre, caresse délicatement mon front, descend le long de ma joue, suit la ligne de ma mâchoire inférieure vers ma bouche dont elle dessine d'un doigt le tracé, puis file se cacher dans mon cou.

Une pause. Poule bâille.

La petite main reprend son chemin. Cependant, ayant perdu de sa précision au bénéfice du sommeil qui la gagne, c'est à tâtons qu'elle se met en quête de sa prochaine étape: mon coeur. Elle y parvient.

Nouvelle pause. Nouveau bâillement.

La respiration se fait plus lente, moins saccadée. Elle s'accorde à mon diapason interne.

Encore quelques instants...

La main tombe sur le matelas. Un soupir s'échappe des lèvres entrouvertes. Poule dort.

Il est 4h30 et je m'apprête à en faire autant.

Mes paupières sont lourdes, j'assure ma position au creux de la couette, bâille à mon tour et...

L'homme se met à ronfler.

D'abord imperceptiblement. Ensuite franchement.

Je passe le bras au-dessus de la Poule que rien ne semble plus pouvoir réveiller afin de signifier au ronfleur que l'heure de se produire en public est mal choisie.

Une première fois.

Cinq minutes plus tard, le concert reprend. Une fois, deux fois, trois fois. "Putain!" Oui, privée de ce sommeil dont j'ai si chèrement besoin, j'ai tendance à me montrer grossière. J'en suis au point où, si la Poule ne songeait pas paisiblement à mes côtés, je balancerais l'homme par terre d'un vigoureux coup de pied.

Une heure plus tard, son réveil sonne. Il se lève. Enfin. J'ai une heure devant moi.

Je reste allongée sur le dos, les yeux aveuglément fixés au plafond. Je n'ai plus sommeil.

Trop blanche pour moi
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Alix


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