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Vers moi...

Plénitude, sérénité, apaisement... cicatrisation.

Souvenirs heureux, nostalgie douce, sentiment d'appartenance ancré au plus profond de soi.

Quel bonheur de pouvoir répondre sans mentir "dans cinq minutes" lorsqu'une Poule réticente aux trajets en voiture demande "quand est-ce qu'on arrive?"

Quel bonheur de filer sur les routes à peine fréquentées après l'école et de rejoindre le jardin vert et fleuri de ma mère, d'y cueillir des fraises et de les déguster au soleil.

Quel bonheur de pénétrer dans cette pièce de vie baignée de lumière, d'y être accueillie par un chien sautillant, de lui ouvrir la porte qui donne sur l'arrière et de les laisser jouer, canidé et gallinacé, de longs moments dans l'herbe haute alors que je prépare tranquillement le repas.

Nous avons tous une inaccessible étoile coincée entre deux méandres de nos envies inavouées, refoulées ou ignorées.

J'ai mis du temps à dénicher puis visualiser et enfin accepter la mienne.

Elle s'appelait Retour.

Retour aux sources, à la région qui m'a vu naître et grandir.

Retour aux paysages vallonnés, à leur verdure qui recouvre moultes misères et cicatrices.

Retour à la terre noire, à ses histoires, à ses légendes.

Revenir c'est faire à nouveau face à son passé, apprendre à ne plus le fuir, à pardonner puisqu'on ne peut oublier. A y puiser la force nécessaire à aller de l'avant, laisser la porte ouverte aux joyeuses reliques, regarder les autres se consumer et perdre leur pouvoir paralysant dans un filet de fumée noirâtre.

Tourner le dos à presque 24 ans d'un exil choisi puis subi.

Plus de vingt années desquelles je ne regrette pas même les plus profondes, et souvent inutiles, douleurs puisqu'elles ont mené à cet être issu d'une rencontre qui fut belle. Ce petit bout de moi qui, dès ses premiers cris, a bouleversé l'existence inadéquate que je menais tel un automate programmé en mode adhérence absolue à un modèle humain unique et formaté.

Je n'ai plus pu faire semblant.

Je n'ai plus pu ignorer les supplications de mon mental du moment où mon corps s'est joint à la rébellion en cours.

J'ai abandonné les sentiers balisés pour m'enfoncer dans les champs de blé qui bordaient la route à m'en perdre, j'ai respiré leur odeur de liberté à m'en enivrer.

J'ai dû apprendre la modération, parfois durement.

L'apprentissage se poursuit, mais n'est-ce pas le but de l'existence que d'évoluer sans cesse, de tendre vers soi-même?

Vers moi...
Vers moi...
Vers moi...
Vers moi...
Vers moi...
Vers moi...
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Alix


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