31 Août 2015
Une plage dans les Landes. Du sable à perte de vue. Les vagues qui déferlent en rouleaux mugissants sur la côte presque déserte. Une vendeuse de crêpes dans sa baraque en bois. Le boxer du propriétaire de l'hôtel qui se prend d'amitié pour nous et nous suit partout. Un coup de soleil sur les fesses.
Un petit frère de 3 mois. Son couffin en osier décoré de vichy rose pâle qui encombre la banquette arrière. La chaleur suffocante. Romain qui pleure. Sans arrêt. Ses hurlements qui se répercutent aux parois de l'habitacle de la Golf et me vrillent les tympans. Me recroqueviller dans le peu d'espace que ce singe hurleur me laisse.
Se prélasser le long du Chassezac, après 30 minutes de marche en terrain sablonneux parsemé d'embûches. Les pieds dans l'eau qui ravissent la gourmandise des petits poissons. Les baisers de leur bouche minuscule sur ma peau qui causent des chatouillis. Se débattre en riant et être aspergée de gouttes d'eau glacée. Le souffle coupé, regagner la rive de galets. S'asseoir à l'ombre des grands arbres et regarder les canoës glisser silencieusement sur la rivière.
Les grands-parents paternels qui, parfois, nous accompagnent. Au retour d'une promenade, sur la table de la chambre, déguster des pommes que Papy a "empruntées" dans le verger d'une abbaye. Une tête de lotte grimaçante surplombant la porte d'entrée du restaurant de l'hôtel qui borde la plage de Coudeville. Des trous énormes dans le sable qu'on fait semblant de ne pas voir et dans lesquels on tombe lourdement. Une ferme bio, écrasée par le soleil, pas au goût de ma grand-mère car la nourriture n'y est ni assez salée ni assez baignée dans le beurre. Rocamadour... et la chanson éponyme qui me trotte dans la tête.
Et puis, la Vendée et mon cheval gris qui part au galop dans les marais... le gardian qui a la mauvaise idée de nous rattraper et entraver notre course vers la liberté.
Les châteaux de la Loire et leurs trésors. Les rêveries dans lesquelles ils me plongent tout éveillée.
Les calissons qui me rendent malade dans la voiture.
Le domaine des loups du Gévaudan dont je rate la visite, assommée par la petite pilule magique qui combat le mal du voyage.
La Couvertoirade, ses tombes intactes de Templiers morts sous les coups d'épée de leurs frères, ses remparts étroits et inclinés sur lesquels on court malgré les mises en garde du père, atteint de vertige, accroché à l'embrasure de porte d'une des tours de garde.
Un petit brun aux yeux bleus qui demande sérieusement à mes parents la permission d'être mon cavalier à la soirée dansante organisée dans le village-vacances. La gêne que je ressens.
Mon émerveillement devant l'énorme crapaud qui monte la garde devant notre tente au retour d'une activité nocturne.
L'odeur caractéristique du pain conservé dans le frigo portatif...
Une horde de chiots tricolores. Jappants, ils investissent le chemin sur lequel nous nous promenons, me tournent autour et se dressent sur leurs pattes arrières. J'ai peur. Je pleure. On aperçoit les tuiles de la maison de vacances de François Mittérand. Je me dis que ces chiens sont peut-être les siens.
Mes souvenirs d'enfance ne sont que des bribes. Parfois, il m'arrive même de questionner leur véracité. Les images qui défilent dans ma tête constituent-elles de réels souvenirs, m'appartiennent-elles ou se sont-elles construites sur base du témoignage de tiers, au fil des pages de ses albums photos que je chéris tant? Les souvenirs olfactifs et tactiles ont cet avantage d'affimer plus aisément leur authenticité.
J'ai occulté, inconsciemment, énormément d'épisodes de mon enfance. Mécanisme de défense, sans doute. Hélas, il arrive que la mémoire soit paresseuse et décide d'effacer sans séparer le bon grain de l'ivraie. Régulièrement, au détour d'un goût, d'un son, d'une odeur, des souvenirs refont surface. Bons ou mauvais, j'ai maintenant tout loisir de les classer moi-même ou de les enfermer dans un tiroir et jeter la clé au loin.
Ce qui est certain c'est que les vacances de mon enfance furent synonymes de découverte de - presque - toutes les régions de France et que j'en ai gardé un amour infini pour les vieilles pierres, l'Histoire et la nature. Si mes peurs d'enfant, je les garde égoïstement, cet héritage, par contre, c'est avec fierté que je le lèguerai - je l'espère - à ma fille.
Gerard Blanchard - RockAmadour
chanson de gerard blanchard rock amadour ou rockamadour: Mon amour est parti avec le loup Dans les grottes de Rock-Amadour Je suis resté là comm' deux ronds d'flipp Env'loppé dans du papier ...
Voir le profil de Alix sur le portail Overblog
Commenter cet article