16 Août 2014
Il y a des personnes sur cette Terre qui vous marquent à jamais. Membres de la famille ou étrangers, ils ont cette particularité de vous faire vous sentir importants et aimés. Vous les "sentez" plus que vous les comprenez. Leur présence vous est indispensable au point que vous commettez l'erreur de les croire éternels. L'épreuve du vide qu'ils laissent est de celles dont on ne se remet pas. Ou rarement.
Ma grand-mère maternelle est décédée il y a un peu plus de 5 ans. Depuis, je revis presque chaque jour l'appel téléphonique de maman qui m'annonce la mauvaise nouvelle. Et je me surprends parfois, lorsque le souvenir est très intense, à prononcer à voix haute ce "NON!!" par lequel j'ai accueilli l'annonce de son décès. Il m'arrive encore de me réveiller, l'esprit brumeux et de penser que tout n'était en fait qu'un affreux cauchemar. Il m'arrive d'espérer la découvrir assise à sa place habituelle dans le salon quand je rends visite à mon grand-père, bien que l'emplacement des fauteuils ait changé. J'entends son rire résonner lorsque je suis témoin d'une situation cocasse qui l'aurait fait se bidonner.
J'ai son physique, le bas de mon visage, bien que légèrement plus épais, est le sien et mon rire que certains qualifient de satanique, c'est à elle que je le dois. Mon franc-parler aussi. Elle s'appelait Jeanne, elle détestait son prénom. Moi, je le trouvais beau au point de l'offrir à ma fille comme second prénom. Elle baragouinait un langage unique, mélange de dialectes bruxellois et limbourgeois d'avant-guerre. Petite Flamande exilée en ce beau pays de Charleroi, à l'époque où la Wallonie était promesse de jours meilleurs pour nos voisins du nord, le mariage l'a conduite vers la périphérie de Mons. Elle n'en bougera plus. Au bout d'une vie riche, mais sans doute épuisante, elle s'est éteinte sur la table d'opération d'un hôpital de la région. "Hémorragie généralisée... On ne peut plus rien faire."
Je culpabilise de n'avoir pas téléphoné, comme convenu, avant son départ en salle d'opération. Le boulot... débordée de stress et pressée de tous côtés. Et puis, j'étais à mille lieues de penser que je ne la reverrais pas. Souvent, je lui en veux. Si elle s'était soignée correctement... elle aurait connu Thaïs. Elle aurait dû connaître Thaïs. Elle aurait adoré son air buté et ses répliques, sa voix cassée et ses colères.
Elle est là autour et en moi. Elle m'accompagne en tout. Comme le dit ma Poule "ta mémé, elle est dans mon coeur." Il y a des jours, hélas, où ça ne suffit pas, où j'ai besoin de sentir les bras dans lesquels j'avais pour habitude de me blottir étant petite, de sentir la main fraîche et sèche sur mon front brûlant, de sentir son coeur battre régulièrement sous ma main quand le sommeil se faisait attendre, où j'ai besoin de ses idées loufoques pour m'évader du quotidien quand celui-ci se fait trop lourd.
Hier, c'était son anniversaire. Elle me manque.
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